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Critique de Luniver


En flânant par-ci par-là sur les blogs et forums littéraires, je suis fréquemment tombé sur Les deux étendards de Rebatet, véritable chef-d'oeuvre aux dires de ses admirateurs, qui ne doit le silence qui l'entoure qu'à la réputation sulfureuse de l'écrivain. Auteur d'un pamphlet pro-nazi devenu best-seller en France en 1942, condamné à mort à la Libération, puis gracié de justesse, on peut en effet comprendre qu'il n'ait pas été reçu à bras ouverts par la suite. Comme je sépare facilement une oeuvre de la personne qui l'a créée, je me suis lancé, après deux bonnes respirations, dans ce pavé de 1300 pages.

Michel est un jeune homme de vingt ans, fraîchement sorti d'une école religieuse. Son scepticisme s'est développé durant les dernières années de cours, et il laisse tomber toute la religion pour se consacrer à l'art. Il rencontre cependant sur son chemin Régis, amoureux d'Anne-Marie. Les deux tourtereaux choisissent de célébrer leur amour en le sacrifiant, Régis entrant chez les Jésuites, Anne-Marie prenant la direction du couvent. Si Michel raille au début cette curieuse décision, elle lui fait toutefois forte impression. Lui qui n'a connu que des aventures d'un soir jalouse cet amour élevé. À force de fréquenter ses deux amis, il tombe lui aussi amoureux d'Anne-Marie, décide de renier son incroyance et de battre Régis sur le plan de la foi, seule manière d'atteindre le coeur de son aimée.

Soyons franc, le fameux chef-d'oeuvre ne m'a pas fait forte impression. J'ai été rebuté d'emblée par le style, que j'ai trouvé horriblement vieillot. L'utilisation de l'argot renforce cette impression : autant il peut être percutant quand il touche le lecteur, autant un argot démodé devient vite embarrassant à lire. de même, l'auteur est probablement très érudit, mais emploie mal ce savoir dans son roman : il nous gratifie de temps en temps de copieux pavés sur la musique, la peinture, la philosophie, la théologie, ... qui brisent totalement le rythme du récit et qui semblent être là uniquement pour épater la galerie.

Je rangerai ce roman au côté de ceux de Bernanos, dans la catégorie « J'ai rien compris ». La foi, le mysticisme, la religion catholique en général ont une grande place dans ce livre. Rebatet n'en fait pas l'apologie et certains passages sont même violemment anticléricaux, mais sans une connaissance solide de ces sujets, on ne saisit pas vraiment ce qu'il se passe. Je me suis retrouvé plusieurs fois la tête entre les mains, à tenter de comprendre pourquoi un personnage passait de la plus grande joie aux pires tourments alors que rien d'important ne s'était passé pour moi. Sans parler de la décision initiale de Régis et d'Anne-Marie, qui m'a laissé dubitatif dès le départ, malgré tous les superlatifs employés pour célébrer la grandeur de leur amour.

Pour résumer, je ne conseillerai Les deux étendards qu'aux lecteurs fortement imprégnés de culture catholique, qui me semblent les seuls à pouvoir apprécier ce roman à sa juste valeur. Les autres risquent de se faire du mal pour rien.
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