Le vendredi saint, c'est le jour de la contemplation, le jour de l'adoration, le jour du silence. Mais un silence en communion avec tous ceux qui sont crucifiés, sur les lits d'hôpitaux, par la torture, crucifiés par la trahison, les conflits, crucifiés dans l'abandon.
cette coupe que j'élève, c'est pour que vous ne baissiez pas les bras
J'avais ouvert Jéricho, le premier accueil de jour sur Toulon pour les personnes à la rue. Cela ne créait pas beaucoup d'enthousiasme dans la ville, certains me reprochant d'entretenir l'oisiveté, d'autres de faire un appel d'air pour attirer les pauvres sur la commune... Un élu grincheux de la mairie m'accusa même dans la presse d'avoir ouvert "un club méditerranée pour les clochards"! Toutes ces critiques me perturbaient et me déstabilisaient quand même un peu. Je me rassurai en voyant les sans-abri affluer dans cet accueil de jour pour solliciter des gestes de simple humanité : manger, se reposer, parler, se laver, se changer, déposer leurs bagages, téléphoner... Ils devenaient eux-mêmes bénévoles en rendant de multiples services.
Nous avons toujours des petites morts à vivre, les petites morts au quotidien.
Et en même temps, on éprouve un sentiment intime de joie pour ce quelque chose de nouveau qui se prépare. Comme un grain tombé en terre qui va germer.
Se tenir là, en silence, pour élever la coupe, c'est comme se tenir en silence près d'un malade, d'un mourant. Il n'y a pas plus grand chose à dire sinon d'être là, réellement présent.