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Critique de JIEMDE


Hommes, femmes, mode d'emploi.

Attiré par quelques chroniques louangeuses ci-et-là, je m'étais précipité dès sa sortie et par impulsion sur Anatomie d'un mariage de Virginia Reeves, traduit par Carine Chichereau. Et puis, lecteur de peu de foi, le doute m'a saisi en regardant de plus près cette étonnante couverture et ce pitch de 4e - « le genre de roman que l'on n'oublie jamais » - qui
fait généralement clignoter mes avertisseurs de survente.

Une chose est sûre : c'est bien survendu et je ne pense pas me tromper en disant que je l'oublierai. Ce qui ne veut pas dire que ce livre n'ait pas ses charmes, bien au contraire. Lu quasi d'une traite en quelques heures, il m'aura laissé une impression mitigée, peinant à son début mais emporté par la dernière partie.

Car – et c'est là le point faible – le livre oscille longtemps entre bluette déjà lue/vue et réflexion plus profonde sur la complexité et les paradoxes du couple. L'histoire d'Ed et de sa femme Laura débarquant dans le Montana paumé après un début de vie commune plus trépidant près des grands lacs ressemble fort à du bovarysme au pays des Rocheuses.

Psy comportementaliste envoyé sauver un établissement d'accueil, Monsieur bosse à tout en oublier tandis que Madame s'ennuie. Elle veut un enfant quand lui n'a d'yeux que pour une jeune patiente. Elle prend un amant, tandis qu'il lui achète un chien. La venue d'un enfant n'y changera rien, et la séparation qu'on sent venir inéluctablement sera bien au rendez-vous.

Si cette première partie est donc un peu trop convenue, la suite monte en puissance et permet - après un twist bienvenu - à Virginia Reeves d'entrer pleinement dans son sujet et de renverser la table. Elle se met alors à explorer à 360° cette étrange alchimie qui unit certains hommes à certaines femmes, toile de liens invisibles mais indélébiles que rien, même pas les affronts répétés, ne peut annihiler. Je t'aime, moi non plus disais Gainsbourg. Je ne t'aime plus, moi aussi lui répond Reeves.

Toujours queutard invétéré (car il faut bien que le corps exulte, hein Jacques ?) mais en partie calmé, Ed se révèle alors touchant dans sa solitude, amoindri et dépendant mais toujours fier et aimant. Et Laura se révèle à elle-même et au lecteur, merveilleuse d'abnégation et de compréhension, enfin équilibrée après avoir appris à vivre avec ses contradictions.

Un livre surprenant donc, que je ne regrette absolument pas d'avoir lu ne serait-ce que pour y avoir retrouvé au détour d'un chapitre « April comme she will », chanson dont l'émotion explose en moi dès que Paul et Art s'y collent.
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