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Critique de 5Arabella


Une gloire littéraire du début du XXe siècle bien oubliée aujourd'hui, dont on se souvient presque plus pour les intrigues scandaleuses de sa femme, en particulier avec Pierre Louÿs, que pour ses oeuvres, poèmes, romans ou contes, devenus difficiles à trouver de toutes les façons.

La petite maison L'éveilleur propose donc une curiosité, un volume de trois nouvelles, ou contes d'Henri de Régnier, préfacé par Bernard Quiriny, grand fan de l'auteur, et de ce livre en particulier. Rien d'étonnant, les univers de deux auteurs ont quelque chose de proche, les nouvelles de Bernard Quiriny, malgré le temps qui les séparent, ont un air de parenté avec celles d'Henri de Régnier. Dans les deux cas, un fantastique discret, une rêverie qui dérape en quelque sorte, et une distance avec le récit, un second degré.

Plus que des histoires, structurées, il s'agit d'évoquer la matière dont sont faits les rêves. Les rêves, qui pour les personnages de ces textes, et qui ressemblent tous les trois à leur auteur, sont plus vrais que ce que la plupart des gens considèrent comme la vraie vie, faite de bruit, d'agitation, d'actions, d'ambitions. Ici il y a juste l'envie de se glisser dans une douce indolence, d'imaginer le passé, des personnages morts, parcourir des décors en pleine déliquescence, en train de se défaire, de disparaître petit à petit sous le poids du temps. Et rien de plus propre à susciter cet état de douce léthargie, de somnolence délicieuse, que Venise, ses palais délabrés, ses canaux, ses habitants qui semblent des fantômes sortis d'un autre temps.

Le fantastique reste discret, c'est presque au lecteur de décider s'il s'agit de surnaturel ou juste d'un événement pas clair ou d'un rêve. Rien de bien terrible ne se produit dans ces textes au final, les créatures surnaturelles, ne sont pas bien méchantes ni cruelles. C'est peut être cela qui manque un peu à ces récits policés un peu lisses, un peu de cruauté, de frayeur, un frisson un peu plus intense. Là nous restons entre gens bien élevés, et même les fantômes ont du savoir vivre, et une sorte de bienveillance.

Mais c'est joliment écrit, et un voyage à Venise, qui permet d'entrevoir des charmants tableaux à demi effacés et suivre des douces ombres dans une pénombre voluptueuse n'est pas à dédaigner. D'autant plus que le volume se pare des reproductions de quelques estampes de Whistler, ce qui rajoute au plaisir du voyage.
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