Les choses précieuses, on sait aussi les reconnaître à notre peur de les perdre.
Un cheveu, ce n’est pas vivant. Toutes ces cellules visibles sont déjà mortes. C’est mort, sans vie, quand nous touchons, coupons et coiffons cette chevelure. Nous la voyons, la touchons, la lavons, en prenons soin, et pourtant c’est mort. J’ai encore du rouge sur les mains.
Je crois que ce que je désire, c’est qu’une personne me connaisse. Me connaisse vraiment. Me connaisse mieux que quiconque, y compris moi peut-être. N’est-ce pas pour cette raison qu’on s’engage envers quelqu’un ? Ce n’est pas pour le sexe. Sinon, on ne se marierait pas ; on trouverait toujours de nouveaux partenaires. On s’engage pour de nombreuses raisons, c’est vrai, mais plus j’y pense, plus je crois que, dans une relation durable, il s’agit de connaître l’autre. Je voudrais qu’on me connaisse, en profondeur, presque comme si cette personne-là pouvait s’introduire dans ma tête.
On peut dire n'importe quoi, faire n'importe quoi, mais on ne peut pas falsifié une pensée.
Et maintenant je vais te dire quelque chose qui va te contrarier : je te connais. Je sais à quoi ressemblent tes pieds, tes mains, ta peau. A quoi ressemblent ta tête, tes cheveux et ton cœur. Il ne faut pas te ronger les ongles.
Les choses précieuses, on sait aussi les reconnaître à notre peur de les perdre.
Une histoire fondée sur un fait réel a souvent plus à voir avec la fiction qu’avec le fait qui l’a inspirée. Tout comme une fiction, un souvenir est fait pour être recyclé : tous deux sont des espèces de récits. Nous apprenons à travers des récits, nous nous comprenons les uns les autres à travers des récits. Mais un fait réel ne se répète pas.
Les gens peuvent nous dire tout ce qu’ils veulent. Comme Jake me l’a fait un jour remarquer, chaque fois qu’un individu dit : « Ravi de vous rencontrer », il a en réalité d’autres pensées, il nous juge. Il n’est pas précisément « ravi », mais c’est ce qu’il prétend, et ce que nous entendons.
Une nuit, tandis que je dormais, l'inconnu a appelé douze fois sans laisser de message. A mon réveil, j'avais autant d'appel manqués.
La plupart des gens auraient réagi après cela, mais pas moi.
Mais celui que nous sommes dans la solitude, n'est-ce pas une version plus authentique de nous-mêmes, quand nous ne sommes pas liés à autrui, pas édulcorés par sa présence, ses jugements ?