C'est un supplice, la timidité. Un supplice dont on est à la fois le bourreau et le sacrifié. Parce que c'est vrai : après tout, libre à nous de réagir. D'oser.
Je reconnaissais volontiers mes silences, mais je ne supportais pas qu'on les porte au jugement. Personne ne sait. Jamais. C'est si facile de faire des associations : muet = triste. Réservé = timide. Discret = inintéressant. C'est que les gens n'ont qu'un seul code : leur propre personne. Eux se taisent quand ils ont du chagrin ? Parfait ! Grand bien leur fasse ! Mais qu'ils aient assez d'imagination -et de générosité aussi- pour croire que le sens qu'à leur mutisme n'a pas forcément celui qu'ont mes silences.