J'avoue que j'ai tremblé toutes les fois que j'ai vu la portion basse du peuple en émotion et j'ai tremblé parce que je la connais, parce que je sais quelle est sa haine contre tout ce qui est aisé, haine éternelle, violente, qui ne demande qu'une occasion de s'exercer (...)
(...) mais est-il flatteur de recevoir un hommage de la même bouche qui, par un caprice aveugle, peut vomir des atrocités?
Notre siècle est affligé de deux grands maux : le persiflage chez les conditions élevées et le baguenaudage chez les inférieurs.
Quand l'éducation particulière manque, il faut que le pouvoir public y supplée.
Les hommes ont une idée fausse, une idée destructive : c'est que la vie est trop courte pour s'occuper d'y être bien.
Il faut que l'air de nos prisons inspire la scélératesse puisqu'on en sort toujours scélérat.
Tous les êtres sont égaux en bonheur et le bonheur est tout; la gloire n'est qu'un de ses moyens, très efficace! mais les désagréments sont à côté.
(...) je suis très timide, mais pas craintif, c'est-à-dire que je craindrais de passer devant une belle compagnie, et que je brave volontiers une troupe de scélérats; dans le premier cas, c'est orgueil : je crains la comparaison; dans le second, c'est courage : je ne suis pas poltron.
Lorsque je considère le produit des beaux-arts, je ne saurais m'empêcher de gémir sur la partialité que la nature a montrée ! Un peintre, un graveur peuvent faire deux ouvrages qui les enrichissent, ou du moins, qui les mettent dans l'aisance, et l'homme de lettres, dont les sublimes productions sont infiniment au-dessus des tableaux et des gravures, reste pauvre, même en réussissant !