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Critique de kuroineko


Il était une ville... Voici un titre qui résonne comme un conte de fée. Sauf qu'ici, il s'agirait plutôt de fées maléfiques qui ont pour nom Récession, Crise, Délinquance, etc.

La ville, c'est Detroit, Michigan. Fleuron de l'industrie automobile américaine pendant des décennies. Longtemps symbole de paradis accessible pour les travailleurs sans emploi des différents États. Et puis vinrent les premières difficultés. Puis les grandes émeutes de la fin des années 1960 (lire l'excellent Eux de Joyce Carol Oates à ce sujet). Puis les chocs pétroliers, la récession, les délocalisations, la révolution des petites autos japonaises économiques face aux gouffres sur roues des grands noms de l'Amérique automobile. Enfin, en ouverture du roman de Thomas B. Reverdy, la Catastrophe. le big bang des places financières de 2008 qui vient achever Detroit agonisant dans les affres de la déprise économique et des malversations à la tête de la municipalité. Banqueroute, faillite, disparition d'un monde déjà branlant.

L'auteur met en scène quelques personnages afin de peindre la chute des multinationales comme de la ville. Eugène, ingénieur français envoyé par l'Entreprise en vue d'un projet prometteur... sur le papier.
Candice, barmaid au rire irrésistible qui cache la fatigue et l'inquiétude devant la désertification galopante du quartier.
Charlie, petit malin de douze ans élevé par sa grand-mère et qui se retrouve embringué dans quelque chose de trop grand pour son petit gabarit.
Et Brown vieux flic à l'ancienne, usé mais opiniâtre qui cherche où peuvent être tous ces mômes disparus. Des mômes dont, pour la plupart, tout le monde se contrefiche. A commencer par des collègues qui y voient des problèmes de délinquance en moins pour l'avenir.

L'avenir, parlons-en! Est-ce qu'il existe seulement dans ce monde en totale déliquescence? Mieux vaut avoir le moral bien accroché en débutant ce roman. le propos n'est pas plus gai que la situation effective.
Les descriptions de Detroit sont remplies de ces trous dans le tissu centre-urbain, de ces maisons abandonnées faute de pouvoir rembourser l'emprunt, de ces friches industrielles où tout ce qui pouvait avoir de la valeur a été arraché. En lisant, j'ai repensé aux déambulations nocturnes du couple de vampires désabusés du beau film Only lovers left alive de Jim Jarmusch dans cette ville qui a toutes les allures d'une civilisation post-apocalyptique. Des mots de Thomas B. Reverdy émane la même sensation que les plans de caméra.

En leitmotiv reviennent les allusions au joueur de flûte de Hamerlin. Il était une ville est bien un conte, finalement. Pas de deux villes mais d'une seule qui perd son âme.
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