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Citations sur L'idolâtrie de la vie (16)

Quoi qu'il en soit, les dirigeants voient dans la crise sanitaire un accident très fâcheux, mais aussi une fenêtre d'opportunités à saisir, afin d'accélérer les mutations en cours et de mettre en place les dispositifs de contrôle qu'en temps normal la population aurait refusés. Une fois ces mutations accomplies (la numérisation d'à peu près tout en particulier et l'obligation de tout faire en ligne), il ne sera plus question de revenir en arrière, une fois les nouveaux dispositifs installés ils resteront en usage - d'autant qu'au train où vont les choses, il y aura toujours une autre crise, une autre urgence, une nouvelle menace à invoquer pour justifier leur existence. Tel est le programme en bref : emprise totale de la technologie, standardisation accrue des comportements, extension sans limite du domaine du management 
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il nous faudrait enfin abandonner notre condition de 'dépendants à prétention d'indépendance' 1 - la figure dominante de l'époque. Il nous faudrait réapprendre, collectivement et individuellement, à compter sur nous-mêmes. Bien entendu les dirigeants politiques et économiques n’ont pas l'intention d'encourager ce genre de fantaisie, ni même de les autoriser
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Le Credo chrétien se termine par une attente de la résurrection des morts et de la vie future. La "sortie de la religion", par contraste, concentra l'attention sur la vie présente. Les activités économiques y gagnèrent une nouvelle dignité. Alors qu'elles étaient jusque-là demeurées "enchâssées" dans la vie des communautés, l'effacement du cadre religieux leur permit de s'organiser en système autonome et d'imposer progressivement leur logique à la société tout entière. La polarisation sur la vie dans sa matérialité s'en trouva renforcée. A ce mouvement contribua aussi l'esprit scientifique moderne, identifiant la vie à ce qui était accessible à ses méthodes d'investigation. Les définitions des dictionnaires témoignent de l'évolution. Dans ses quatre premières éditions (1694, 1718, 1740, 1762), le dictionnaire de l'Académie française donnait pour premier sens du mot vie : "L'union de l'âme avec le corps", ou "l'état où est l'homme quand son âme est unie à son corps (De même, le dictionnaire de la langue anglaise de Samuel Johnson (1755) donne pour premier sens du mot "life" : "Union and cooperation of soul with body." Une telle définition fait concevoir la mort comme séparation de l'âme et du corps, et la vie future comme union de l'âme à un corps ressuscité - la croyance en la résurrection de la chair et en la vie éternelle sont solidaires). Avec la cinquième édition, en 1795, les choses changèrent : la vie devint "l'état des êtres animés tant qu'ils ont en eux le principe des sensations et du mouvement". Dans la huitième et dernière édition en date (1935), la vie est définie comme "l'activité spontanée propre aux êtres organisés, qui se manifeste chez tous par les fonctions de nutrition et de reproduction, auxquelles s'ajoutent chez certains êtres les fonctions de relation, et chez l'homme la raison et le libre arbitre". De la vie comme "union de l'âme et du corps" à la vie comme "activité spontanée propre aux êtres organisés" - ou "ensemble des phénomènes et des fonctions essentielles se manifestant de la naissance à la mort et caractérisant les êtres vivants" (Trésor de la langue française) -, on mesure l'ampleur de la transformation. L'invariance du terme, toutefois, a permis et entretenu la confusion. La sortie de la religion, en effet, n'a pas aboli le religieux, elle a laissé derrière elle une grande quantité de religiosité errante en quête de points de fixation. La 'vie" s'est proposée comme l'un de ces points. D'un côté, les définitions actuelles du mot ont quelque chose de rassurant : elles certifient qu'en exaltant la vie, on ne se laisse pas abuser par des chimères, on ne cède à aucun emportement mystique. D'un autre côté, le terme retient quelque chose de l'aura qui lui était attaché du temps où il désignait l'union de l'âme et du corps, et où on se rappelait la parole du Christ : "Je suis la vie." Qu'est-ce que la vie? Si on me le demande, je pourrai répondre que c'est "l'ensemble des phénomènes et des fonctions essentielles se manifestant de la naissance à la mort et caractérisant les êtres vivants" ; si on ne me le demande pas, j'ai tout loisir de me laisser aller aux belles harmoniques qui le mot éveille en moi. Une telle combinaison, d'héritage religieux et de déni de l'héritage, est vraiment une aubaine. Ainsi prospère l'idolâtrie de la "vie".
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Un gouvernement de bon aloi aurait reconnu cette carence et appliqué, du moins, la part du plan qui était applicable, en préconisant à tous le port de masque en tissu confectionné avec les moyens du bord. Au lieu de quoi le gouvernement estimant que, dans la difficulté, il fallait renchérir dans les affections de toute-puissance, prétendit jusqu'à l'absurde qu'il dominait la situation, que tout était sous contrôle, et pour ne pas admettre le moindre manque, préféra prétendre contre tout bon sens que les masques ne servaient à rien
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 C'est ainsi : plus le pouvoir central porte secours aux citoyens, plus ceux-ci sont enclins à lui reprocher les maux dont ils souffrent 
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Quand on ne peut plus donner sa vie, il ne reste plus qu'à la conserver.
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Avec le recul, il est permis de se demander si le rejet de toute transcendance (dont Hans Jonas a dit qu’il avait peut-être été « l’erreur la plus colossale de l’histoire ») a permis que s’accomplisse la promesse, et n’a pas apporté avec lui de puissants germes de servitude. En même temps qu’elle oblige, la transcendance dégage de bien des sujétions. Elle lie, mais aussi elle délie.
(page 40)
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Plus il y aura de lits d’hôpitaux, plus il en manquera, plus les moyens augmenteront, plus il y aura pénurie. L’anthropologue Marshall Sahlins a décrit l’âge de pierre comme un âge d’abondance ; notre époque, où les moyens n’ont jamais autant abondé, est un âge de pénurie généralisé. L’impression de misère s’amplifie, s’universalise. Chaque secteur demande davantage de crédits. Il faudrait des plans Marshall pour tout.
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Nous sommes entrés dans le monde des « valeurs ». Lorsque les sujets parlent avec gravité de leurs valeurs, ils croient donner la plus haute importance à ce qu’ils désignent par ce terme alors que, quoiqu’ils en disent, c’est à eux-mêmes que revient la suprématie, puisqu’une valeur n’a de valeur qu’en raison du sujet qui la lui reconnaît.
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Dans la vie publique, tout doit être fait pour tenir le spectre de la mort à distance.
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