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Citations sur L'idolâtrie de la vie (16)

Il est pénible de devoir employer le mot "santé" dans le sens qu'il revêt aujourd'hui, tant ce sens s'est éloigné de celui qui fut longtemps le sien, et lui est même devenu contradictoire. De sa première édition, en 1694, à sa septième, en 1878, le dictionnaire de l'Académie française définissait ainsi le mot "santé" : "État de celui qui est sain, qui se porte bien." Avec la huitième édition, en 1935, la définition devient : "Bon état de l'organisme." Le Trésor de la langue française (1971-1994) propose quant à lui : "Etat physiologique normal de l'organisme d'un être vivant." Ce changement dans les définitions, apparemment bénin, entérine un retournement majeur : la santé n'est plus un état qui s'éprouve (se porter bien), elle concerne le corps objet, elle est un état qui s'évalue, au moyen de diverses procédures - ce pourquoi il peut exister quelque chose comme une "politique de santé" et un "système de santé", dédiés à la gestion et à la maintenance de l'"état physiologique" des organismes. Ces organismes se révèlent si effroyablement complexes que seuls des examens multiples et réguliers permettent de déterminer s'ils fonctionnent correctement ou non. On était en bonne ou en mauvaise santé, désormais on a ou non des problèmes de santé. Ivan Illich rapporte qu'un jour, ayant demandé à l'une de ses connaissances, à qui avait été prescrite une chimiothérapie, comme elle se sentait, la personne concernée lui dit "de le rappeler le lendemain, mais seulement après onze heures, quand il aurait reçu les résultats du labo. L'orphique "Connais-toi toi-même" se traduit désormais ainsi : "Vérifie comment ton système s'en tire." Une santé ainsi définie et subordonnée (dès avant la naissance) au contrôle et à la certification de l'institution médicale, non seulement ne correspond pas à ce qu'était auparavant la santé, mais est même incompatible avec elle.
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Jusqu'à une date très récente dans l'histoire humaine, une épidémie du genre de celle qui, avec le sévère acute respiratoire syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2 de son petit nom), s'est diffusée à la surface de la Terre en 2020, aurait affecté l'humanité autant qu'une vaguelette trouble la surface de l'océan.
Mais voilà : la vaguelette a pris les proportions d'un tsunami planétaire.
Les mêmes causes ont produit des effets sans aucune commune mesure avec ce qu'ils auraient été par le passé. Comment expliquer un tel changement d'échelle ?
À tirer sur ce fil, on se retrouve avec une grosse pelote sur les genoux.
(page 3)
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Il n’y a pas de mort, il n’y a que des causes de mort, chacune d’elles susceptibles d’être combattue avec la dernière énergie. En cela, nous nous trouvons toujours plus dépendants du « système de santé », comme le drogué dépend de sa drogue
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il faudrait accepter de laisser certains maux sans remède. Et donc, au lieu de se livrer à la surenchère thérapeutique, cultiver à nouveau, collectivement, un certain art de souffrir et de mourir.
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il convient de tempérer ses humeurs, sans quoi le sens premier du beau et du bon, qui justifie de s’élever contre ce qui leur porte atteinte, se perd, et l’indignation, à trop s’exercer, devient inoffensive et se dilue dans l’air du temps.
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Jadis, la mort était le terme nécessaire de la vie terrestre, que la médecine pouvait dans certains cas retarder. Aujourd’hui, la mort est un échec du système de santé.
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