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Critique de Nepenthes


La Prisonnière des Sargasses se veut une préquelle de Jane Eyre. Elle revient sur le passé de la première femme de Mr Rochester (connue sous le nom de Bertha Mason) et sa lente descente vers la folie. Rien que le point de départ de ce roman a de quoi intriguer : publié en 1966, soit plus de cent ans après l'oeuvre de Charlotte Brontë, il se focalise sur un personnage qui, au final, n'apparaît que très peu dans le roman original. C'est pour pallier à cette « injustice » que Jean Rhys a décidé de retracer une vie présumée de cette femme torturée, cette ombre inquiétante qui hante Jane Eyre et Rochester.
Et une grande partie de l'oeuvre pourrait surprendre si l'on s'attend à retrouver l'Angleterre de Jane Eyre, puisqu'en réalité, l'intrigue se déroule en majeure partie en Jamaïque. Dès lors qu'Antoinette épouse Rochester (bien qu'il ne soit jamais nommé directement dans le roman), son destin bascule et sa santé mentale va dégringoler. Loin de l'idylle impossible entre Jane Eyre et Rochester, La Prisonnière des Sargasses nous conte plutôt une histoire d'amour qui n'aura jamais eu aucune chance d'exister. Les deux époux se déchirent, Antoinette sombre dans l'alcoolisme… le récit est conté au travers de plusieurs points de vue qui alternent, principalement Antoinette puis son mari. Cette écriture met d'autant plus en relief le fossé qui les sépare.
Même si ce roman est écrit avec beaucoup de justesse, qu'il est poignant et parfois dur, je ne me suis cependant pas sentie aussi transportée que par l'oeuvre originale de Brontë. Mais après tout, ce n'était pas le but non plus de Jean Rhys de réécrire Jane Eyre. Son roman est également une réponse au colonialisme, thème fort et central du récit.
Faut-il avoir lu Jane Eyre avant de lire La Prisonnière des Sargasses ? Pas nécessairement. Certes, cela permet d'éclairer certains détails, de comprendre certaines références (en particulier dans la toute dernière partie du roman). Mais ce roman peut tout aussi bien se lire tel quel : comme le récit de la descente aux enfers d'une femme, rattrapée par la folie.
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