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Critique de cathcor


Dans ce joli petit livre carré, dont le jaune joyeux est un défi à l'hiver, il y a une miette de madeleine de Proust, un parfum du "Je me souviens" de Pérec, et un zeste de "Brèves de comptoirs", le tout pour un vrai bonheur de lecture.
Cet "Avant" lancinant est parfois féroce pour notre politiquement correct ( "Avant, on ne parlait pas de génération X ou Y. On parlait de générations de feignasses."), pour notre monde hypersexué ( "Avant, dans La Redoute, les vibromasseurs servaient à se masser le visage doucement"), pour la pornographie toute puissante ( "Avant, on ne savait pas que des gens faisaient l'amour avec des poneys et se faisaient filmer. Et on aurait voulu ne jamais le savoir"), pour notre perte de repères ( "Avant, les méchants étaient toujours communistes. Depuis, c'est un peu le bordel."), pour la magouille universelle ( " Avant, quand les coureurs du Tour faisaient pipi contre un arbre, l'arbre ne s'enflammait pas."), pour le règne d'Internet et de Facebook ( "Avant, on ne retrouvait pas de vieux amis grâce à Facebook. Si on n'était plus amis, c'était sans doute qu'il y avait des raisons").
Il y a nos réelles angoisses ("Avant, le soir, on avait du mal à s'endormir parce qu'on avait peur des monstres. Aujourd'hui, le soir, on a du mal à s'endormir parce qu'on a peur de son patron"), nos petites médiocrités ("Avant, on voulait changer le monde. Aujourd'hui, on veut juste changer de quartier"), mais aussi de la vraie tendresse et de vrais remords (" Avant, on n'osait pas dire à sa maman qu'on l'aimait. Aujourd'hui, on regrette de ne pas le lui avoir dit assez"), d'attendrissantes nostalgies ( "Avant, quand on faisait une photo, il fallait attendre des mois avant de savoir qu'elle était ratée"), de petits- gros chagrins de mômes ("Avant, on perdait tout le temps le pistolet du shérif Playmobil").
Il y a la fuite de notre enfance et de ses certitudes, avec ces "10 trucs auxquels on croyait avant et auxquels on aimerait bien croire encore un peu", comme "Papa et maman ne vont jamais mourir" ou "Quand on a une meilleure amie, c'est pour la vie". Il y a les menues joies oubliées ( "Avant, on accrochait une carte à jouer avec une pince à linge sur la fourche de notre vélo pour faire le bruit de la mobylette"), les premiers troubles, les premières incertitudes ("Avant, on se demandait dans quel sens il fallait tourner la langue quand on embrassait quelqu'un").
Mais il y a aussi le rappel lucide que "Avant, ce n'était peut-être pas si bien que ça", que le souvenir idéalise le passé ("Avant, on buvait du Ricqlès. Enfin, on n'en buvait pas beaucoup, parce que ce n'était pas très bon quand même..."),et que, finalement "Avant, on disait déjà que c'était mieux avant".
Bref, un petit délice, où humour et sensibilité se mêlent au rire et à l' émotion. Comme il est dommage que de délicates et amusantes images n'accompagnent pas ces pages, aux couleurs vives !
En tout cas, merci aux éditions First, à Babelio et à Stéphane Ribeiro, l'auteur, pour ce joli cadeau.
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