Les rêves, ça se défait dès qu'on met le doigt dessus, comme les billes de mercure d'un thermomètre éclaté. ça vous échappe à tous les coups. (p.64)
...Parce que la mort, on ne fait qu'en parler. Et on en rit parfois. Mais quand elle vous tombe dessus... Comme ça, sans prévenir... Parce qu'elle n'est pas toujours sournoise et insidieuse.
Elle peut être franche. Abrupte. Incisive comme la foudre. Pour Marcelle, elle a pas prévenu. Pas un signe, rien. Comme un orage sec. Avec son unique décharge. Ce n'est pourtant pas qu'elle vous prenne en traître : on sait depuis le premier jour qu'elle sera au rendez-vous. Mais qui voudrait y croire ? Qui ? (p.70)
Le calendrier, c'est fait pour les gens qui travaillent. Ceux qui se lèvent pour aller au boulot, qui ont un train à prendre ou un rendez-vous. (p.57)
Pour les uns, il y aura le pauvre homme qui n'en peut plus de supporter l'outrage, et le voleur puni : bien fait pour lui !
Pour d'autres, il y aura le drôle dans le besoin, victime d'un vieil avaricieux revanchard : tant pis pour lui !
Pas si simple de départager le bien du mal. Tout dépend de quel côté des choses on se place. (p.47)
Les dates. Tout est affaire de date. De date et de temps...
D'avant et d'après, avec cette impression terrible que le "pendant" n'existe pas. Ou si peu. Qu'il a filé si vite, trop vite, sans qu'on s'en aperçoive... La vie, c'est une sorte d'attente. Une parenthèse entre deux néants. (p.37-38)
On a débarqué en décembre. Du nord. Comme la tempête de l'hiver d'avant. On était les premiers. Autant dire des bêtes curieuses. Les cas sociaux comme y disent : cas sos, c'est plus simple. Plus rapide aussi. On ne s'attarde pas sur des gens comme nous. Nous, on n'avait rien demandé. Sauf que là-haut, c'était la fermeture d'usine, licenciement, chômage. Accessoirement drogue, vol, avec un "i" parfois, dans le noir de la cave... (p.15)
Il avait relancé le balancier de cuivre. (...)
A la mort de Marcelle, il l'avait enlevé. C'était trop que d'entendre le grignotis d'un temps qui ne s'écoulait plus. (p.9)