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Critique de ODP31


La bonne mine du roi Solomon.
Mordecai Richler (1931 – 2001) était un écrivain canadien féroce. Enragé le Caribou ! Hip Hip Hip Epopée ! Celle d'une famille juive frauduleuse du 19 ème siècle jusqu'aux années 60-70 : les Gursky et mauvaise compagnie.
Mon premier est Ephraïm, surineur à ses heures, escroc increvable qui s'embarque de façon clandestine et précipitée depuis Londres dans les pas de l'explorateur John Franklin pour une traversée dans le Grand Nord. Il va devenir l'inouï gourou d'Inuits et renifleur de mines d'or. Oui, c'est déjà bien barré.
Avec un tel patrimoine génétique, la descendance ne pouvait pas bien tourner. le petit-fils, Solomon, aventurier flambeur et son frère Bernard, cynique et impitoyable, vont faire fortune dans la contrebande d'alcool au temps de la prohibition.
La génération suivante ne recherchera pas le pardon.
Moses Berger, écrivain qui boit plus qu'il n'écrit est obsédé par cette famille et notamment Solomon le magnifique dont la disparition mystérieuse sert de fil conducteur au récit. Pour révéler les mystères de la dynastie des Gursky, l'auteur nous promène dans les bas-fonds de Londres, dans le Grand Nord, dans l'Amérique de la Prohibition et dans certains beaux quartiers de Montréal. Ne pas oublier son passeport vaccinal !
Essayez d'imaginer un film des frères Coen de 5 heures, des brothers aidés par la verve d'un Philip Roth et la bougeotte d'un écrivain voyageur aux appétits picaresques. Ce roman, c'est un peu tout cela et bien plus encore. Une folie contagieuse de 700 pages. On peut s'y perdre, mais aussi s'y retrouver. Je le conseille à ceux qui aiment lire sans boussole, se perdre dans le temps et accepter le décalage horaire d'une chronologie amnésique. C'est un arbre généalogique dont les racines s'abreuvent de whisky et dont les branches poussent de façon anarchique.
Mordecai Richler est encore trop méconnu en France. Il mérite un peu de postérité. A vot' bon coeur. Sa plume est mordante, sa foi dans le genre humain perdue en cours de route et son humour, salut de son âme rebelle.
Pour moi, c'est un livre fétiche. Une amie me l'a offert il y a cinq ans entre deux séances de chimio. Je m'étais promis de ne le lire par superstition qu'après sa rémission pour lui porter bonheur. Ne me demandez pas pourquoi. Peut-être à cause du corbeau sur la couverture, je ne sais pas. Une intuition. Je n'imaginais pas que son combat puisse être si long mais cette femme est une guerrière invincible. Me connaissant, la belle amazone avait demandé à mon libraire un bouquin « décalé ». Il lui conseilla Solomon Gursky. Elle ne s'était pas trompée.
Je vais pouvoir lui raconter cette histoire impossible.
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