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Critique de Floyd2408


Jørn Riel est un écrivain danois, de plus de 80 ans, son oeuvre penche essentiellement du côté de l'arctique, il resta plus de 16 ans dans une expédition scientifique (Lauge koche) pour le nord-est du Groenland, notamment sur une base d'étude de l'île d'Ella. Il consacrera plus d'une dizaine de livres humoristiques dessus comme des Racontars arctiques, ou la trilogie le Chant pour celui qui désire vivre. Dans ces romans, dédiés à son ami Paul-Émile Victor, Jørn Riel s'attache à raconter la vie des populations du Groenland. Il a reçu en 2010 le Grand Prix de l'Académie danoise pour l'ensemble de son oeuvre. Actuellement en Malaisie à la lisière d'une forêt près de Kuala-Lumpur réside notre octogénaire en retraite.
La vierge froide et autres racontars traduit en 1993 est le premier recueil d'une série de dix sur l'arctique où les personnages et les nouvelles s'entrecroisent et s'étoffent au fil des racontars, cette série burlesque et intime. Tous ses racontars comme les nomme Jørn Riel sont des petites scènes intimes de ses habitants prisonniers de ses terres gelées et blanches par ce temps arctique, les rapports entre chaque sont souvent un huit clos entre l'obscurité de la saison nocturne, la température froide, la neige et la solitude. de cette région isolée, la vie monotone est rompue par des anecdotes croustillantes et folles, c'est un remède à l'engourdissement climatique et l'isolement. Chaque personnage semble être un pantomime de l'auteur, une marionnette de ces délires jubilatoires dans cette nature hostile et déserte.
Dans la première nouvelle, nous faisons connaissance de deux personnages , Valfred est un mufle aimant l'obscurité et les nuits polaires, solitaire et habitué à cette vie rude et austère et le jeune Anton pris par la fièvre biologique de son corps en rut, devra écouter les conseils de son partenaire de maison pour refouler ses envies et courir nu dans le froid du vent, mais comme les femmes , ce vent est capricieux.
Dans cette deuxième parabole Herbert, un romantique doté d'une âme d'artiste vivait à Guess Grave une station assez vieille et de surcroit trop mal entretenue. Situé à l'embouchure du Fjord d'argent. le Vesle Mari, le « rafiot » de la chasse au phoque débarqua Alexandre un coq destiné à être tué et mangé mais sa vie rencontra Herbert qui l'adopta pour remplacer William, un noir parti chez Mads Madsen à Kap Thompson. Alors débute avec ce couple improbable une ode de quand dira-t-on, faisant déplacer son ancien compagnon avec Mads Thompson pour voir l'étendue des dégâts. C'est une petite histoire de la solitude d'un vieil homme perdu avec coq loin de son habitat naturel, entre humour et tendresse, ce coq rendra son âme dans l'ennuie de cette folle escapade en arctique.
Dans cette troisième histoire, Herbert part rendre visite à son ami Lodvig s'était sauvé dans les montagnes selon le capitaine Olsen de la Vesle Mari. Cette rencontre reste une farce incroyable, un dialogue de sourd entre le mutisme de Lodvig pendant plusieurs jours et soudain son flot de parole sans discontinuité saoulant son ami Herbert, le préférant faire la gueule perdu dans son silence, adorable racontar.
Cette quatrième nouvelle est un bavardage Où Bjorken, avec Lasselille discute de l'Histoire Universelle, avec ironie et sérieux à la fois surtout Bjorken. Museau un vieux demi aveugle croise sans le savoir un ours polaire amoureux de la confiture qu'il donne à ses chiens. Drôle de situation avec cet ours léchant la main remplit de confiture de ce vieil homme, Bjorken tuant cet ours trop gourmand, toujours aussi hilarant ces moments de vie dans cette région reculée de l'arctique.
Cette cinquième est l'histoire d'un tatoueur venu se perdre dans cette région, monsieur Joenson. Il tatoua beau de ces hôtes contres des peaux. William fut le premier à se faire dessiner sur son corps de noir un coeur, cherchant à tout prix à faire Accepter au Comte d'en faire un aussi, Voici un jeu de mots entre eux pour forcer le Comte à accepter d'être tatoué. Après une cuite mémorable le Comte sera tatoué comme un signe d'appartenance à la communauté.
« La paix et l'entente cordiale régnèrent sur la côte cette année-là. Les tatouages de M. Joenson unissaient les chasseurs en une communauté qui semblait presque inviolable ».
Cette sixième nouvelle est toujours drôle et amusante avec une pointe de sarcasme que j'adore, le tire résume parfaitement l'ambiance, le dressage d'un lieutenant. le lieutenant Hanson débarquant de la Vesle Mari pour perturber l'atmosphère chaleureuse tranquille de ces chasseurs perdu dans leur routine quotidienne et froide. Épuisant ces chasseurs par des exercices Hanson sera ficelé comme une proie animal laissé dans un froid transi pour enfin revenir normal et laisser ses chasseurs à leur solitude naturelle.
Cette septième au titre du recueil, La vierge froide est trop savoureuse, Mads Madsen invente Emma, une jeune fille adorable, vierge froide à Alborg. Et de cette histoire virtuelle, un combat entre la fiancée de William Soufia et celle imaginaire Emma, et enfin des droits se crée pour aimer ces femmes, surtout Emma, monnayés étrangement par Mads Madsen, le surréaliste de la situation. William obtient les droits sur Emma puis les cèdent à Bjorken, adorable racontar.
Cette huitième de joyeuses funérailles, est toujours aussi drôle et amusante, lorsqu' un mort Jalle entraine une fête mémorable pour ses funérailles. Lorsque le Comte prend la place dans le cercueil du défunt Jalle, et que sous l'alcool certain le pleure et le jette dans l'eau pensant qu'il est le vrai mort de l'histoire. Cocasse cette farce absurde de cet échange, j'en souris encore.
Cette avant dernière nouvelle est tout aussi sublimatoire que les précédentes, lorsque la civilisation entre dans cette région par les WC et de là une guerre s'installe avec beaucoup d'humour et de tendresse. La découverte par Siverts du confort des biens faits des toilettes, signe ostentatoire de la civilisation selon Lause, débarqué fraichement du Vesle Mari, entraine une petite discorde entre eux pour une petite guerre-guerre futile et amusante, Jørn Riel s'amuse encore de ces petits tracas quotidien pour nous ravir de cette petite prose à la douceur ironique.
Le roi Oscar conclut ce recueil de ces petits racontars arctiques, dans cette région septentrionale où tout devient différent, chaque moment de vie semble être gravée dans l'écrin d'une routine légendaire mais lorsque un cochon devient un animal domestique puis prends la place d'un compagnon, l'équilibre vacille entre Vieux-Niels et son compagnon Halvor avec ce cochon, Oscar acheté par Vieux-Niels. Ce trio improbable va se transformer en duo avec Oscar et le Vieux-Niels laissant Halvor solitaire et aigri. Jørn Riel prends un plaisir certain à se moquer gentiment de la solitude de ces autochtones à l'esprit toujours aussi tortueux, un petit grain de folie caresse ses personnages.
Tous ses racontars sont une petite ouverture vers cette région peu connue, offrant des situations drôles et hilarantes au paysage blanc et froid comme décors, ce personnage présent dans toutes ses nouvelles, ce lieu transpire cette région septentrionale, coeur tendre de notre auteur.
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