Chaque fois, le scénario est le même : je sonne, espérant trouver Julie à l’accueil. Et comme elle n’y est pas, je demande si elle travaille ici pour être sûr de ne pas passer à côté. Exemple de la douzième visite où une jolie brunette m’accueille :
— Bonjour, que puis-je faire pour vous ?
— Bonjour, je cherche Julie. Elle est secrétaire médicale, comme vous.
— Et vous lui voulez quoi, à cette Julie ?
— Lui dire que je la trouve parfaite pour de vrai, pas juste pour être gentil. Et que je voudrais bien qu’elle me donne une chance de lui montrer mes défauts, pour savoir s’ils collent à ses qualités. Silence et regard ému de l’autre côté du bureau. Le téléphone sonne dans le vide, elle ne décroche pas.
— Il n’y a pas de Julie ici, mais si vous ne la trouvez pas, je m’appelle Mélanie, et j’adore les défauts.
- Et vous lui voulez quoi, à cette Julie ?
- Lui dire que je la trouve parfaite pour de vrai, pas juste pour être gentil. Et que je voudrais bien qu'elle me donne une chance de lui montrer mes défauts, pour savoir s'ils collent à ses qualités.
- Je ne suis pas " gentil ", je suis sous le charme.
- Et vous lui voulez quoi, à cette Julie ?
- Lui dire que je la trouve parfaite pour de vrai, pas juste pour être gentil. Et que je voudrais bien qu'elle me donne une chance de lui montrer mes défauts, pour savoir s'ils collent à ses qualités.
Je voudrais effacer les dernières secondes, revenir au moment où il me disait des mots magiques qui me faisaient vibrer. Mais je n’ai pas le droit.
Il faudrait inventer des plafonds pour insomniaques. Avec un projecteur qui affiche des trucs utiles à réviser pour rentabiliser toutes ces heures perdues à regarder les fissures. Les peintres de la Renaissance italienne. Les fruits et légumes de saison. Les verbes irréguliers anglais. La liste des départements français.
l n’y a qu’une femme pour être assez bête pour passer une nuit blanche à ressasser son chagrin. Pourquoi n’arrive-t-on pas à se tourner sur le côté en se disant que l’on verra ça demain ? Il est où ce foutu interrupteur ? Les hommes font ça si bien. Punaise, ce que je voudrais être un homme ! Ils ressentent la souffrance comme nous, mais au moins ils ont la nuit pour récupérer. Qu’est-ce qui cloche chez nous ?