Il est vital que tu ne perdes pas foi en toi. Ton alent d’artiste est exceptionnel – tu peins comme l’exige ton imagination. Une fois que tu lui feras confiance, je suis sûr que tu déploieras tes ailes.
Vous êtes arrivées à Atlantis à six mois d’écart et la façon dont tu l’as toujours protégée était extrêmement touchante à voir. Tu aimes profondément et farouchement, comme je l’ai toujours fait. Un conseil de la part d’un homme qui connaît cette situation : assure-toi que ce ne soit pas à tes dépens. N’aie pas peur de lâcher prise lorsque le moment viendra – le lien qui vous unit Star et toi est profond et inaltérable. Aie confiance.
Souvent j’avais l’impression que mes rêves étaient plus réels que ma vie elle-même. Quand tout se passait bien, c’était comme regarder une série à la télévision, mais certaines de mes nuits étaient peuplées de cauchemars, comme ceux avec les énormes araignées…
Tant de choses sur cette Terre me déconcertaient, des règles inventées par je ne sais qui, je ne sais où, il y avait sans doute bien longtemps. J’ôtai mes chaussures de marche et m’allongeai. J’aurais pu être n’importe où dans le monde, et je détestais ça. Le climatiseur bourdonnait au-dessus de ma tête et je fermai les yeux pour essayer de dormir, mais une pensée m’en empêchait : si je mourais, à cet instant, personne ne le saurait.
Autant de choses dont je me sentais désormais dépourvue.
C’était comme voir le monde à l’envers, les lumières au-dessous de l’avion semblaient de pâles copies des étoiles au-dessus de nos têtes. Cela me rappelait ce que m’avait un jour dit un professeur à l’école d’art : selon lui, je peignais comme si je ne voyais pas ce que j’avais devant moi. Il avait raison. Je n’y arrivais pas. Les images apparaissaient dans mon esprit, mais elles n’existaient pas dans la réalité. Souvent, elles ne prenaient aucune forme animale, minérale, ni même humaine ; toutefois elles étaient puissantes et s’imposaient à moi sans que je puisse m’y soustraire.
Comme ce bric-à-brac que j’avais ramassé dans des casses de Londres. J’avais passé des semaines à essayer de voir comment je pouvais agencer le tout. C’était comme un casse-tête géant, même si dans mon cas les pièces étaient un bidon d’essence malodorant, un vieil épouvantail à l’effigie de Guy Fawkes, un pneu et une pioche à moitié rouillée. J’avais maintes fois réorganisé l’ensemble, satisfaite jusqu’à ce que j’ajoute la pièce finale qui, où que je la place, semblait toujours gâcher l’œuvre entière.