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Citations sur Miroirs du Moyen Age (57)

Si le Moyen-Äge a passé, les siècles n'ont pas émoussé la fascination pour le Graal.Dans le Merlin de Robert de Boron, Merlin dit que le livre qu'il a dicté sera lu avec plaisir jusqu'à la fin du monde.Supposant que nous avons encore le temps de lire, et la lecture étant le propre de l'homme, il vaut la peine de s'interroger un moment sur un art de lire.On ne lit pas un traité de philosophie comme un roman, ou une poésie comme un théorème.Passé l'évidence de cette constatation, il faut se demander comment les romans du Graal souhaitent être lus, quel type de lecteur ils supposent et reflètent, pour quel usage ou la curiosité de "l'honnête homme"?
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Le miroir est employé pour symboliser la connaissance, aussi bien dans l'art d'amour que dans l'intelligence mystique. Dans Le roman de la Rose de Guillaume de Loris (v. 1230), dans un verger carré et clôturé, lieu d'amour et de beauté, se trouve une fontaine. Son bassin est le miroir Périlleux: qui s'y mire "ne peut manquer pour rien au monde d'y voir de ses yeux quelque chose qui le mette sur la voie de l'amour." Toutefois, ce miroir est une épreuve : Narcisse, en s'y regardant, périt pour n'avoir aimé que lui, alors que d'autres sont boulversés et transformés par l'amour. Lieu d'éveil de l'amour, le miroir est aussi le lieu de réflexion de la connaissance. Selon la célèbre formule de saint Paul, l'homme terrestre ne connaît qu'en miroir, alors qu'il connaîtra face à face après sa mort. Les miroirs antiques évoqués par saint Paul étaient surtout faits de métal poli et renvoyaient une image imparfaite et obscure: la connaissance humaine deDieu est pareille à un tel reflet, alors que la vision directe de Dieu dans l'au-delà est comparable à une pleine lumière reçue dans un être transformée en vitrail.
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On ne lit pas un traité de philosophie comme un roman ou une poésie comme un théorème. Passé l'évidence de cette constatation, il faut se demander comment les romans du Graal souhaitent être lus, quel type de lecteur ils supposent et reflètent, pour quel usage on peut les lire aujourd'hui, hormis un intérêt scientifique ou la curiosité de "l'honnête homme" ? (...)

Quelle est la découverte qui anime la recherche des chevaliers ? Le Graal. et quel est le dénouement qui pousse le lecteur à se découvrir au long des pages ? Le Graal encore. Il est une radiance de la sagesse et un transmetteur de l'Esprit : il est la résolution des histoires, le sens omniprésent de la lecture. La quête a été racontée pour son aboutissement de la lecture. Les romans doivent donc se lire à travers leur fin : le Graal est la signification inépuisable au nom de laquelle tout a été rapporté. Aucune lecture ne peut ignorer son horizon métaphysique. Il faut lire en été de quête et comprendre les récits avec un regard ouvert vers le Graal.

Initiation à la lecture des romans du Graal
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Par ailleurs, la relativisation des valeurs et des idéologies au XXe siècle a montré qu'aucun point de vue, aucune démarche, aucune "Weltanschauung" ne sauraient s'imposer de manière exclusive et totalitaire. Au contraire, on peut supposer la coexistence de plusieurs visions de l'univers, plus ou moins contradictoires, mais ayant leur place légitime sur tel plan, dans tel perspective et à telle période de la pensée et du réel.
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Au Moyen Age, le miroir n'est pas seulement un objet fabriqué avec du métal poli ou (à partir du XIIIe siècle) en collant une feuille d'étain derrière un verre. On appelle également "miroir" des genres littéraires, une synthèse du savoir et une représentation du monde.
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La légende du Graal fait son apparition littéraire à la fin du XIIe siècle avec le Conte du Graal, un roman en vers de Chrétien de Troyes. A partir et autour de récits et de symboles celtiques, se cristallise l'épopée de la quête : les aventures de chevalerie, les épreuves initiatiques, la cour du roi Arthur, la Table ronde, et le Graal, un récipient qui polarise tous les désirs, irradie toutes les clartés, et détient le pouvoir de tous les accomplissements. Le conte du Graal, que Chrétien de Troyes laisse inachevé, connaîtra quatre continuations, par des auteurs différents, au XIIIe siècle.

Initiation à la lecture des romans du Graal
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L'initiation d'Amour et les clercs

Le Décaméron témoigne d'une sagesse d'Amour que l'on pourrait qualifier d'initiatique, d'alchimique ou de "mystérique". Tout au long de notre exposé, nous verrons en effet que l'Amour est une puissance surnaturelle qui, secrètement, invite certaines âmes à le suivre pour les entraîner dans un processus de purification et de spiritualisation. Ce processus est initiatique, car l'Amour choisit ses amoureux, leur commande ce qu'il faut faire dans l'intime de leur âme et leur transmet une conscience qu'il ne donne pas à d'autres. Il est aussi alchimique, non au sens où il s'agirait de produire de l'or, mais où l'âme est travaillé par l'Amour comme une matière : les épreuves qu'il impose sont comme des opérations psychiques qui peu à peu transforment l'âme, lui enlèvent ses impuretés et actualisent en elle un état spirituel.
Dans cette perspective, la spiritualité de Boccace est bel et bien un Mystère : enracinée dans l'Amour, elle initie des élus à une transmutation intérieure, qui demeure connue des seuls initiés, dont aucun traité de théologie ou de philosophie ne peut révéler la véritable nature et que nulle psychologie ne peut imiter et reproduire. Il s'agit d'une connaissance qui, d'une part, implique une régénération spirituelle de l'être et qui, d'autre par, appartient à une réalité mystique, non écrite, celée et ineffable. La voie d'amour de Boccace veut anonlir le coeur de l'homme, loin d'une religiosité en trompe-l'oeil, camouflée derrière le prestige d'une fonction ecclésiastique, d'un rang social, ou d'une autorité philosophique.
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Boccace semble ainsi conjuguer deux perspectives : le christianisme est sa religion de fait, dont il souligne d’abord la valeur spirituelle intérieure, mais elle ne saurait avoir l’apanage de l’Esprit, qui se trouve en tout et qui est à tous, sans qu’il appartienne en propre et exclusivement à qui que ce soit. Or, l’universalité de Boccace n’est pas un vague oecuménisme, elle s’inspire de deux notions religieuses et théologiques précises : d’une part, du jardin d’Eden, patrie originelle de l’humanité ; d’autre part, de l’universalité du Verbe, origine divine des sagesses. Dans le paradis terrestre, il n’existait pas de religion instituée, puisque la première humanité vivait naturellement dans la connaissance de Dieu. Ce n’est qu’après la fin du paradis que les religions apparaissent, et leur développement est parallèle à la diversification des peuples et des nations.
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La montagne, que coiffe le palais, évoque la transcendance de l'Esprit, par opposition à " l'horizontalité" d'un savoir mondain et temporel. L'eau (du puit) et le vin (dans les caves) peuvent désigner deux dimensions de la sagesse. Sang du Christ dans la liturgie chrétienne, le vin représente une connaissance contemplative et transformante. L'eau peut se référer à la purification du baptême, à l'eau régénérante de l'Esprit. "Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron" dit le Christ; dans un autre passage, il associe l'Esprit à "des fleuves d'eau vive". Dans la maison des narrateurs, cette eau vient d'un puit, car l'Esprit se trouve dans la profondeur de l'âme, dont la terre est un symbole. Les pièces de la villa sont belles et bien nettoyées : tel doit être le coeur pour contempler et être digne de l'Amour.
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Hormis l'influence de la poésie arabe sur la poésie des troubadours, les influences orientales dans la littérature médiévale sont multiples. L'une des plus notoires, et des plus probantes, est celle de la métaphysique islamique et soufie dans la Divine Comédie de Dante, révélée par l'étude de Miguel Asin Palacios, L'eschatologie musulmane dans la Divine Comédie, Arché, Milan, 1992. Outre ces origines celtiques, l'histoire de Tristan et Iseult a également reçu quelques influences orientales (cf. Pierre Gallais, Genèse du roman occidental. Essai sur Tristan et Iseult et son modèle persan, Sirac, Paris, 1974).
(La sagesse du Décaméron de Boccace)
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