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EAN : 9782866811525
Editions Les Deux Océans (29/11/2006)
5/5   2 notes
Résumé :
Résumé de "Miroirs du moyen âge"

Initiation à la lecture des romans du Graal
Apparue en France à la fin du XIIe siècle, la légende du Graal idéalise des valeurs chevaleresques plus ou moins christianisées. Si la quête du Graal symbolise une recherche spirituelle, les auteurs souvent anonymes des romans ont affirmé que l'élucidation de leurs récits appartient à ceux qui ont le « coeur pur ». Le lecteur est ainsi invité à suivre une spiritualité ... >Voir plus
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Le miroir est employé pour symboliser la connaissance, aussi bien dans l'art d'amour que dans l'intelligence mystique. Dans Le roman de la Rose de Guillaume de Loris (v. 1230), dans un verger carré et clôturé, lieu d'amour et de beauté, se trouve une fontaine. Son bassin est le miroir Périlleux: qui s'y mire "ne peut manquer pour rien au monde d'y voir de ses yeux quelque chose qui le mette sur la voie de l'amour." Toutefois, ce miroir est une épreuve : Narcisse, en s'y regardant, périt pour n'avoir aimé que lui, alors que d'autres sont boulversés et transformés par l'amour. Lieu d'éveil de l'amour, le miroir est aussi le lieu de réflexion de la connaissance. Selon la célèbre formule de saint Paul, l'homme terrestre ne connaît qu'en miroir, alors qu'il connaîtra face à face après sa mort. Les miroirs antiques évoqués par saint Paul étaient surtout faits de métal poli et renvoyaient une image imparfaite et obscure: la connaissance humaine deDieu est pareille à un tel reflet, alors que la vision directe de Dieu dans l'au-delà est comparable à une pleine lumière reçue dans un être transformée en vitrail.
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De nombreux textes médiévaux (romans du Graal, poésie troubadouresque, théâtre à mystère) se fondent également, de manière plus ou moins explicite, sur une polysémie des symboles. La Divine Comédie, par exemple, possède plusieurs sens cachés et superposés qui, comme une échelle, relient les événements humains à des réalités métaphysiques, eschatologiques et surnaturelles. Dans une lettre, Dante écrit que son oeuvre doit se comprendre selon un quadruple sens : littéral, allégorique, moral et anagogique. Pour illustrer son propos, il cite l'épisode biblique des Hébreux sortant d'Egypte et l'interprète selon ces quatre sens. Le sens littéral et historique raconte que Moise conduit le peuple d'Israel hors d'Egypte ; le sens allégorique signifie que l'humanité (Israel) a été sauvée par le Christ (Moise) ; le sens moral signifie que l'âme convertie est passée du péché (l'Egypte) à l'état de grâce (Terre promise) ; le sens anagogique, enfin, signifie que l'âme est passée de la corruption (l'Egypte) à la gloire éternelle (le Terre promise). (...)

Notre étude s'inscrit dans une telle démarche d'interprétation. Elle tentera de mettre à jour quelques sens profonds du Décaméron et de discerner la Sagesse et la spiritualité d'Amour qui se laissent percevoir derrière le caractère divertissant des nouvelles. Ce faisant, elle ne prétend pas détenir la signification dernière du Décaméron, ni résoudre la problématique d'un tel questionnement de l'oeuvre, ni encore réduire l'analyse du Décaméron à ce type de perspective et d'interprétation. (...)
Notre seul souhait est d'apporter un éclairage différent sur un chef-d'oeuvre qui se révèle toujours plus mystérieux à mesure qu'on le découvre et qu'on croit le connaître. Au lecteur d'approfondir l'empreinte de nos pas, de lire entre nos lignes, de comprendre ce que nous n'avons pas compris et de reprendre sans cesse ses lectures.
(La sagesse du Décaméron de Boccace)
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Une spiritualité du coeur.
(Analyse de la Nouvelle I :Ser Ciappelletto trompe un saint moine par une fausse confession, et meurt. Après avoir été un très méchant homme pendant sa vie, il passe pour un saint après sa mort, et est appelé San Ciappelletto.)

Racontée par Panfilo, la première nouvelle raconte l'histoire de maître Cepparello, un notaire malhonnête, meurtrier, blasphémateur, coléreux, (...). Par la force d'une duperie, un scélérat fut transformé en saint. Cette usurpation, qui profita de l'ignorance d'un moine et de la crédulité populaire, eût néanmoins un résultat positif, puisque les gens s'en remettant sincèrement à cet imposteur se voyaient exaucés par Dieu, qui voit la qualité des coeurs sans tenir compte de la fausseté de certains médiateurs de la piété.
Le but de la nouvelle, nous dit son narrateur, est de montrer que l'intelligence humaine est insuffisante "à percer les desseins de Dieu", si bien qu'elle en vient, trompée dans ses jugements, à se servir d'intercesseurs que Dieu a en réalité condamnés à un éternel exil; "et pourtant, Lui à qui rien n'est inconnu, s'attachant plus à la pureté des intentions du suppliant qu'à son ignorance ou à l'exil du supplié, agit comme s'Il comptait ce dernier au nombre des bienheureux et exauce ceux qui lui adressent leurs prières" (p. 57). Comme toutes les nouvelles, celle-ci se prête à plusieurs interprétations, d'autant que l'ironie du récit laisse entendre plusieurs modes de lecture, à vrai dire plus complices qu'opposés. Nous ne retiendrons qu'un aspect : l'insistance sur la sincérité intérieure, qui compense ou annule des maladresses ou des erreurs objectives.
A première vue, la nouvelle semble être une satire des béatifications, qui octroient à des personnages retors mais rusés une réputation de sainteté. Mais, comme souvent dans le Décaméron, l'intention profonde du conte se situe sur un autre plan, ou plutôt la satire n'est là que pour masquer, parfois pour renforcer et conduire vers le sens décisif du récit. De cette histoire, en effet, il faut surtout retenir que, malgré l'indignité du notaire béatifié, les coeurs purs se voient exaucés par Dieu, qui se préoccupe moins des formes et des ritualismes que de la sincérité des âmes. En opposant l'imposture d'une sanctification et l'exaucement de prières sincères, Boccace montre que la vraie spiritualité repose avant tout sur "la pureté des intentions" ( p. 57), et non sur des signes extérieurs de piété et des apparences trompeuses de sainteté. En d'autres termes, l'essentiel n'est pas la vénération des saints, qui peut participer d'une religiosité aveugle et intéressée, mais la foi privée et secrète que l'âme met en Dieu.

Par cette nouvelle, Boccace livre une clé de la voie d'Amour évoquée par l'ensemble du Décaméron. La spiritualité d'Amour, en effet, n'est nullement une piété et une morale sociales, capables de toutes les hypocrisies et de toutes les déviations : elle est, au contraire, une relation directe, spontanée, profonde, authentique, entre l'âme et la présence de l'Amour. Comme nous allons le voir dans les deux nouvelles suivantes, cette voie d'Amour se réfère, non à la religion institutionnalisée, mais à l'Esprit saint. Aussi, repose-t-elle d'abord sur des vertus intérieures et une sagesse du coeur, illuminées par l'Amour et par la Sagesse.


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Si le Moyen-Äge a passé, les siècles n'ont pas émoussé la fascination pour le Graal.Dans le Merlin de Robert de Boron, Merlin dit que le livre qu'il a dicté sera lu avec plaisir jusqu'à la fin du monde.Supposant que nous avons encore le temps de lire, et la lecture étant le propre de l'homme, il vaut la peine de s'interroger un moment sur un art de lire.On ne lit pas un traité de philosophie comme un roman, ou une poésie comme un théorème.Passé l'évidence de cette constatation, il faut se demander comment les romans du Graal souhaitent être lus, quel type de lecteur ils supposent et reflètent, pour quel usage ou la curiosité de "l'honnête homme"?
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On ne lit pas un traité de philosophie comme un roman ou une poésie comme un théorème. Passé l'évidence de cette constatation, il faut se demander comment les romans du Graal souhaitent être lus, quel type de lecteur ils supposent et reflètent, pour quel usage on peut les lire aujourd'hui, hormis un intérêt scientifique ou la curiosité de "l'honnête homme" ? (...)

Quelle est la découverte qui anime la recherche des chevaliers ? Le Graal. et quel est le dénouement qui pousse le lecteur à se découvrir au long des pages ? Le Graal encore. Il est une radiance de la sagesse et un transmetteur de l'Esprit : il est la résolution des histoires, le sens omniprésent de la lecture. La quête a été racontée pour son aboutissement de la lecture. Les romans doivent donc se lire à travers leur fin : le Graal est la signification inépuisable au nom de laquelle tout a été rapporté. Aucune lecture ne peut ignorer son horizon métaphysique. Il faut lire en été de quête et comprendre les récits avec un regard ouvert vers le Graal.

Initiation à la lecture des romans du Graal
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