Pourquoi voudriez-vous que nos doutes, nos erreurs, les égarements de nos imaginaires, ce qui nous est soufflé par l'angoisse, nos concessions à l'évolution des mentalités, deviennent, mis ensemble, des vérités.
Je sais que la recherche créatrice a le droit, et peut-être le devoir, de révéler les démons cachés derrière le paravent du contrat social. Mais je ne puis m'empêcher de me demander si ce droit privé au fantasme exprimé publiquement au nom de la liberté de dire et de jouir ne peut avoir quelque jour une application collective sauvage échappant à la prudence de ses inventeurs. Comment naissent les bourreaux ? Qui sont-ils ? Et leur insanité ne réside-t-elle que dans ce passage de l'imaginaire à l'action ?
Toutes les causes ont besoin de martyrs.
L'abjection absolue ne tue pas l'homme...
Il parlait peu, mais très clair et avait cette qualité, rare chez les personnes investies d'une quelconque autorité, de savoir écouter à la perfection.
J'ai voulu tuer ces utopies, Dieu, le Christ, la société, parce que dans Dieu il y a le jugement, dans le Christ il y a la souffrance, et dans la société il y a le pouvoir. Mais comment tuer l'utopie sans se tuer soi-même ?
Puisque l'homme est limité et imparfait, il ne peut aimer qu'imparfaitement.
Il n'y avait là que des souvenirs de rêveries, de contemplations enfantines. La mélancolie du moment sollicitait le retour de mélancolies anciennes, comme en un songe fait de songes dont la douceur passée se muait à présent en amertume. Il pleura longtemps.
Il ne pouvait que se répéter ce qu'il avait entendu et pensé lui-mêmes si souvent : les mots servent d'abord à mentir.
Ça ne sert à rien de protester. Il y a le fort, le faible. Pas de droit. Il ne faut pas que le faible proteste. Il faut simplement qu'il devienne le plus fort. Il faut se taire. Qu'est-ce que c'est qu'une protestation devant le bourreau ? Ça a l'air digne, mais c'est dérisoire.