Kane Chronicles, tome 2 : Le trône de feu

Le soleil normal est apparu au-dessus de l'horizon comme il le fait chaque jour. Au même moment, la barque de Rê a surgi de la Douât en plein port de New York et s'est élevée vers le ciel, brillant de tous ses feux.

Rê a déclaré d'un ton pensif:
- Wombat, malade.
Sur cette parole profonde, on est tous monté à bord. L'équipage a manoeuvré les rames, et la barque s'est éloignée du quai.
Rê a entrepris de mâchouiller un cordage.
- Manger!
- Lâche ça, espèce de vieux gâteaux ! l'a houspillé ma soeur.
- Hum ! a glissé Bès. A ta place, j'éviterais de traiter le dieu-soleil de "vieux gâteux".

- Tu aurais des ennuis? Anubis, je te suis très reconnaissante, mais sans vouloir te vexer, je risque davantage que toi. Mes grands-parents sont possédés par deux divinités hostiles. Un coup de main serait le bienvenu.
Il a écarté les bras dans un aveu de faiblesse.
- Je regrette, mais je ne peux pas intervenir. Je te l'ai déjà dit, le corps que tu vois n'a pas de réalité physique.
- Dommage, ai-je marmonné.
- Quoi?
- Rien. Continue.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu n'aurais jamais pu faire ça avant.
Elle a haussé les épaules.
— J'ai treize ans, maintenant. Ça doit être pour ça.
— Mais moi, j'en ai quatorze, et je suis incapable d'un truc pareil !
— Tu sais ce qu'on raconte : les filles sont plus mûres que les garçons.
Je me suis tu, furieux.

J'ai dégagé sa tête du sable. Elle a toussé et levé les bras,me permettant de la tirer hors du trou. Dans mon soulagement, j'ai failli éclater en sanglots, mais en bon macho, je me suis retenu.
(La ferme,Sade. C'est moi qui raconte.)

Pendant le trajet en bateau, Khéops avait eu recours à la célèbre magie des babouins pour la soigner. Il lui avait palpé le front en faisant des bruits grossiers et avait tenté de glisser des bonbons dans sa bouche. Je ne doute pas qu'il ait fait de son mieux, mais on ne peut pas dire que ça ait beaucoup amélioré l'état de notre amie.

- Bonjour Rê, a-t-il dit d'un ton faussement amical. Ça faisait longtemps.
Une voix chevrotante s'est échappée de derrière le trône :
- Veux pas jouer. Va-t'en.
- Allons, l'a grondé Apophis. Toi et moi, on s'amusait bien ensemble. Chaque nuit, on jouait à qui tuerait l'autre, tu te rappelles ? Tu veux une friandise ?
La tête chauve de Rê a surgi au-dessus du dossier.
- Friandise ?
- Une datte fourrée, ça te dit ?
Une datte est apparue dans la main d'Apophis, qui a repris :
- Tu adorais ça, autrefois. Pour l'avoir, tu n'as qu'à approcher et me laisser te dévo... te l'offrir.
- Veux un cracker, a répliqué Rê. Un cracker au wombat.
Crois-le ou non, mais cette demande incongrue a probablement sauvé l'univers.

On n'a pas le temps avec une grande introduction. Je dois me dépêcher de raconter mon histoire, sinon on va tous mourir.

Parcourir le dédale des couloirs et des salles d'une maison de retraite divine à la suite d'une infirmière hippopotame, quoi de plus banal pour les Kane?

J'aurais aimé les retenir encore un peu, mais si j'avais appris quelque chose avec Khonsou, c'était qu'il ne fallait pas se montrer trop exigeant avec le temps. La sagesse consistait à apprécier ce qu'il vous offrait sans chercher à obtenir davantage.