Un roman des années 2000 dont je ne connaissais pas du tout l'auteur.
Manuel Rivas écrit en galicien, est traduit parfois en breton, solidarité des langues celtiques, se traduit lui-même en castillan et, est, plus rarement, traduit en français. Original, non ?
Ce roman raconte la guerre civile espagnole, cette guerre qui a laissé tant de traces et qui s'estompe dans les mémoires car les combattants des deux côtés disparaissent. Mes premières lectures « engagés » parlaient de cette guerre et un de mes chanteurs préférés étaient Paco Ibanez, cette chanson résume bien l'esprit de ce roman.En effet «
le crayon du charpentier », choisit une façon délicate et poétique de raconter l'horreur et la brutalité et ça fonctionne très bien. Un garde civil, Herbal, assassine un peintre dans sa cellule, celui-ci lui donne son crayon de charpentier, à partir de là cet homme va vivre avec une voix intérieure qui lui intime l'ordre de sauver le docteur Da Barca et de lui permettre de vivre une superbe histoire d'amour avec la belle Marisa Mallo. Grâce à cette histoire, nous allons rencontrer des hommes étonnants qui auraient pu dessiner une toute autre histoire à l'Espagne si seulement ils ne s'étaient pas détestés entre eux, et puis au milieu des plus grandes ordures au service du régime franquiste, cette superbe figure de la mère Izarne qui dirigeait le sanatorium réservé aux prisonniers tuberculeux. Tout le roman se situe entre réalité et le rêve, un peu à l'image de toute vie surtout quand la réalité se fracasse sur une dictature implacable et qui refuse à tout rêve de se réaliser. En suivant le cheminement d'Herbal, l'auteur veut donner une chance au pire des tueurs à la solde de Franco de prendre conscience de ce qu'il a fait et de se racheter.
L'art , la peinture, la poésie prendront une grande part aux déchirements intimes de ce garde civil qui réussira à sauver ce merveilleux docteur Da Barca qui a passé sa vie à faire le bien autour de lui, même si ce garde civil franquiste convaincu n'a pas pu sauver le peintre qui vient lui rendre visite si régulièrement depuis qu'il l'a certes assassiné mais pour lui éviter une mort sous la torture par ses amis plus franquistes ou tout simplement plus cruels que lui. Aujourd'hui, il termine sa vie dans un bordel, mais n'a pas perdu sa conscience (
le crayon du charpentier), son message d'espoir, il le transmet à une jeune prostituée qui trouvera, peut-être, elle aussi sa voix intérieure qui la conduira vers un avenir où la beauté permet de combattre la laideur.
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