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Critique de Alfaric


La fantasy c'est mon truc, mais la fantasy orientalisante c'est carrément mon kif. du coup je suis toujours partant, mais aussi assez exigeant en matière !

C'est tout à l'honneur du jeune et sympathique Mathieu Rivero de se lancer une suite des "Mille et une nuits" introduites en Occident par Antoine Galland au tout début du XVIIIe siècle. Pourquoi ? Parce que dès qu'une histoire puise dans des traditions à l'Est de la Mer Égée, on entend les pisse-froid habituels pester contre l'orientalisme de bazar et l'exotisme de pacotille : je suis sûr qu'ils sont tous de fins connaisseurs de la poésie arabe, de l'histoire iranienne et de la mythologie hindoue pour oser écrire cela à longueur de temps… Ironie mise à part, je soupçonne de lourds préjugés occidentalocentrés ! (les mêmes qui sont à l'origine de l'épidémie d'islamophobie qui sévit actuellement dans notre pays).

Dans la première partie, intitulée « Ce qui est décrépit », l'auteur se lance de nouvelles nuits puisque nous suivons Shéhérazade partie à la découverte du vaste monde après avoir confié ses enfants Shaheed et Layla à sa soeur Dunyazâde. Mais après avoir échappé à Shahryar le sultan d'Ulud, elle tombe entre le mais du mystérieux maître bandit Tarik… La créatrice de l'art du cliffhanger se voit ainsi obligée de créer de nouveaux contes mettant en scène l'alliance contre l'expansionnisme du Jagannâtha développé par Abû, le prince incomplet de Babylone manipulé par se mère, et Azi, le dernière rejeton d'une lignée de sultan-dragon qui règne sur Yazad... L'auteur maîtrise joliment tous les aspects de son sujet et on plonge avec joie dans le folklore des contes de fées orientaux !

Dans la deuxième partie, intitulée « Yazad la triomphante », le récit glisse au présent avec Khalid le nouveau souverain du Jagannâtha qui déclare la guerre à Azi le jeune sultan-dragon. Nous passons de contes de fées orientaux à la fantasy épique… et force est de constater que le récit ne manque pas de gueule avec ses scènes d'action fort réussies et un surnaturel de plus en plus présent qui glisse vers l'horrifique par moment, ainsi que ses tragédies en pagaille et tutti quanti. de plus l'auteur développe son background avec le pacte signé entre Salomon et Ravana, qui sépara définitivement humains et djinns en conduisant nombre de ces derniers à l'ostracisme, mais aussi au génocide des haavis, les être hybrides issus des unions entre humaines et djinns… L'effet de mise en scène initial devient ainsi une quête de vengeance en bonnes et dues formes car nous apprenons aussi pourquoi les djinns loyaux comme renégats poursuivent de leur haine les Dahaka, la dynastie des sultans-dragons de Yazad…

Sauf que le dénouement m'a complètement laissé sur ma faim. Pire, la dernière page ne comporte ni le mot « fin » ni le mot « à suivre » du coup on ne sait même pas si l'histoire est terminée ou pas… On est finalement un peu le cul entre deux chaises avec de la fantasy féérique qui ne supporte pas un grand nombre de pages, et de la fantasy épique qui nécessite pas mal de pages pour développer tout son potentiel...

On sent finalement l'ombre tutélaire du "Dit de la terre plate", le chef-d'oeuvre de Tanith Lee, et c'est assez cool de voire un frenchy marcher dans ses pas ! Mais si tous les ingrédients de ce roman sont bons, la mayonnaise n'a pour moi que partiellement pris. du coup j'ai vraiment envie de connaître les prochains ouvrages de l'auteur… (Et pour lui en avoir touché deux mots aux Imaginales, il m'a confié que s'il n'avait pas assez de matière pour une suite il comptait écrire un préquel sur la séparation des royaumes des hommes et des djinns)
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