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Critique de Laveze


MOI, LE SUPRÊME de AUGUSTO ROA BASTOS
« Moi dictateur suprême de la république
J'ordonne que lorsque viendra le jour de ma mort
Mon cadavre soit decapité, ma tête placée au
bout d'une pique trois jours durant sur la place
de la République où l'on convoquera le peuple
en faisant sonner les cloches à toute volée.
Tous mes serviteurs civils et militaires seront
condamnés à la potence.
Leurs cadavres seront enterrés hors des murs
sans croix ni marque qui rappellera leur nom.
Passé ce délai j'ordonne que mes restes soient
brûlés et mes cendres jetées au fleuve »

Voilà ce qui fût placardé dans la ville un beau matin à la surprise de la population. Qui a osé? Un opposant ou le dictateur lui même, José Gaspar di Francia, qui dirigea le Paraguay de 1814 à 1840.
C'est le dictateur lui même qui parle dans ce livre, soit à son secrétaire soit à lui même. C'est un torrent qui déferle à travers les phrases, on est dans la démesure la plus totale, la paranoïa suinte en permanence à travers les opposants réels ou imaginaires et le pauvre secrétaire qui reçoit ses ordres ne sait plus que faire. Roman polyphonique d'une grande puissance, Roa Bastos retrace la grande histoire avec les puissants voisins du Paraguay ( Brésil, Argentine et Bolivie) qui n'ont de cesse de vouloir l'annexer et les anecdotes comme le passage du botaniste Humbold ou du français Bonpland.
Je vous conseil ce bouquin totalement original dans sa forme, passionnant à lire.
Pour l'anecdote ce roman devait faire partie d'un vaste projet discuté en 1967 par Vargas Llosa et Carlos Fuentes pour que chaque grand écrivain du boom Sud américain écrive un livre sur son « dictateur préféré ». Il devait y avoir une douzaine de romans. Seuls trois verront le jour, Moi le suprême de Rio Bastos, L'automne du Patriarche de Garcia Marquez et le Recours de la Méthode de Alejo Carpentier.
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