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3.97/5 (sur 625 notes)

Nationalité : Cuba
Né(e) à : Lausanne , le 26/12/1904
Mort(e) à : Paris , le 24/12/1980
Biographie :

Alejo Carpentier y Valmont est un romancier, essayiste et musicologue cubain.

L'œuvre de Alejo Carpentier est très marquée par les événements historiques : révolution haïtienne, les Antilles à l'époque révolutionnaire, la conquête espagnole, la répression cubaine des années 50. Le réalisme historique de ces textes est transcendé par la magie de son style poétique, riche en métaphores et profondément original.

A 12 ans, il s'installe avec sa famille à Paris où il étudie la musicologie. Après des études d'architecture qu'il ne termine pas, à Cuba, Alejo Carpentier se consacre au journalisme, mais son engagement à gauche lui vaut un séjour en prison (1928 ), sous la présidence de Gerardo Machado, avant de l'obliger à s'exiler en France.

De retour à Cuba en 1939, il poursuit sa carrière de journaliste et de chroniqueur de radio. En 1943, il fait un séjour en Haïti et en 1945 il s'installe à Caracas, au Vénézuéla, où il vit jusqu'en 1959, avant un retour à Cuba. En 1970, il est nommé Attaché culturel de l'ambassade de Cuba à Paris.

Carpentier, qui a profondément influencé la littérature latino-américaine, a reçu le Prix mondial Cino Del Duca (1975), le Prix Cervantès (1977) et le Prix Médicis étranger (1979).

La fin de sa vie est marquée par une lutte contre le cancer. Après sa mort, son corps a été transféré à Cuba, où il est enterré dans le Cimetière Colón de la Havane. Ses funérailles ont été célébrées le 28 avril, en présence du président Fidel Castro.
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Source : http://partageonsnoslectures.over-blog.com/2017/04/concert-baroque-alejo-carpentier.html
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Un romancier latino-américain Alejo Carpentier
Portrait d'Alejo CARPENTIER, à travers ses interviews, et ceux de Roger CAILLOIS, Wilfredo LAM, Jean-Louis BARRAULT, Jacques PREVERT. L'écrivain cubain, né en 1904, a vécu au Vénézuela, puis à Cuba après la révolution. Il devient en 1966, ambassadeur de Cuba en France, où il résidera jusqu'à sa mort, 1980 . Evocation de son oeuvre, de la création littéraire et artistique en Amérique...
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Citations et extraits (117) Voir plus Ajouter une citation
On disposa les lutrins, le Saxon s’installa de façon magistrale devant le clavier de l’orgue, le Napolitain essaya les voix d’un clavecin, le Maître monta sur le podium, saisit un violon, leva l’archet, et, en deux gestes énergiques, déchaîna le plus extraordinaire concerto grosso qu’aient jamais entendu les siècles mais les siècles ne s’en souvinrent pas, et c’est dommage car tout cela était aussi digne d’être entendu que d’être vu... Une fois amorcé l’allégro frénétique par les soixante-dix femmes qui connaissaient leurs parties par cœur, tellement elles les avaient répétées, Antonio Vivaldi se rua dans la symphonie avec une incroyable impétuosité, en un jeu concertant, tandis que Domenico Scarlatti — car c’était lui —- se lançait dans des gammes vertigineuses sur le clavecin, et que Georg Friedrich Haendel se livrait à d’éblouissantes variations qui bousculaient toutes les normes de la basse continue. « Vas-y, Saxon de merde ! criait Antonio. — Tu vas voir, à présent, Prêtre putassier!», répondait l’autre, livré à sa prodigieuse imagination, pendant qu’Antonio, sans cesser de regarder les mains de Domenico qui se prodiguaient en arpèges et agréments, décrochait de haut des coups d’archet, comme s’il les tirait de l’air avec un brio fascinant, mordant les cordes, s’étourdissant dans un jaillissement d’octaves et de doubles notes, avec l’infernale virtuosité que lui connaissaient ses élèves. Il semblait que le mouvement fût arrivé à son comble, quand Georg Friedrich lâchant soudain les grands jeux de l’orgue, attaqua les jeux de fond, les mutations, le plénum, faisant vibrer avec une telle fougue les tuyaux des clairons, des trompettes et des bombardes, que l’on crut entendre les appels du Jugement dernier : « Le Saxon nous baise tous ! cria Antonio, exaspérant le fortissimo. — Moi, on ne m’entend même pas », cria Domenico, redoublant de force dans ses accords. Mais entretemps Filomeno avait couru aux cuisines, apportant une batterie de chaudrons en cuivre, de toutes les dimensions, qu’il se mit à frapper avec des cuillères, des écumoires, des batteuses, des rouleaux à tarte, des tisonniers, des manches de plumeaux, dans une telle profusion de rythmes, de syncopes, d’accents déplacés, que, l’espace de trente-deux mesures, on le laissa seul pour qu’il improvisât. « Magnifique ! Magnifique ! » criait Georg Friedrich. « Magnifique ! Magnifique ! » criait Domenico, donnant des coups de coude enthousiasmés sur le clavier du clavecin. Mesure 28. Mesure 29. Mesure 30. Mesure 31. Mesure 32. « Maintenant! », hurla Antonio Vivaldi, et tout le monde attaqua le Da capo avec une furieuse vigueur, arrachant les accents les plus extraordinaires aux violons, hautbois, trombones, régales, orgues manuels, violes de gambe, et tout ce qui pouvait résonner dans la nef, dont les lustres vibraient comme ébranlés par un tintamarre céleste.
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Il comprenait à présent que l'homme ne sait jamais pour qui il souffre ou espère. Il souffre, et il espère et il travaille pour des gens qu'il ne connaîtra jamais, qui à leur tour souffriront, espéreront, travailleront pour d'autres qui ne seront pas heureux non plus, car l'homme poursuit toujours un bonheur situé au-delà de ce qui lui est donné en partage. Mais la grandeur de l'homme consiste précisément à vouloir améliorer le monde, à s'imposer des tâches.
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La prodigieuse nouveauté, c'était Dieu. Dieu qui s'était révélé à lui dans le cigare allumé par la vieille, la veille de sa maladie. Le geste soudain qu'elle avait fait pour saisir une braise dans le fourneau, et la lever à hauteur de son visage, qu'il avait vu si souvent dans les cuisines de son enfance, s'était amplifiée en une suite de déductions écrasantes.
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9 décembre
(...) Nous nous approchons et avançons lentement, à la recherche du signe qui marque l'entrée du cours d'eau. Le regard fixé sur les troncs, je cherche à la hauteur de la poitrine d'un homme qui aurait été debout sur l'eau, l'incision des trois V superposés verticalement (...). De temps en temps, la voix de Simon qui rame lentement m'interroge. Nous allons plus avant. Mais je mets tant d'attention à regarder, à ne pas cesser de regarder, à penser que je regarde, qu'au bout d'un moment mes yeux se fatiguent à voir passer constamment le même tronc. J'ai l'impression d'avoir vu sans me rendre compte ; je me demande si je n'ai pas été distrait pendant quelques secondes ; je donne l'ordre de revenir en arrière (...). Simon, toujours calme, suit mes indications sans mot dire. (...) Nous naviguons une demi-heure encore. Mais voici que surgit de la forêt un éperon de roche noire, de forme si découpée et singulière, que si nous étions arrivés jusqu'ici la dernière fois, je m'en souviendrais. Il est évident que l'entrée du cours d'eau est restée en arrière. (...) Quand nous avons commencé à naviguer, le soleil nous frappait en plein. Maintenant, ramant en sens inverse, nous sommes plongés dans une ombre qui allonge de plus en plus sur l'eau. Mon angoisse s'accroît à l'idée que la nuit va tomber avant d'avoir trouvé ce que je cherche et qu'il faudra revenir demain. (...) Simon se lève, prend la perche, et l'enfonce dans l'eau, cherchant à s'appuyer sur le fond pour faire revenir le canot en arrière. À ce moment, la seconde que met la perche à pénétrer dans la masse liquide, je comprends pourquoi nous n'avons pas trouvé le signe ni ne pourrons le trouver : la perche qui mesure environ trois mètres de long, n'atteint pas le fond, et mon compagnon doit couper les lianes à coup de machette. (...) Je me souviens que lors de notre passage ici avec l'Adelantado, les rames touchaient le fond à tout moment. Cela veut dire que le fleuve est toujours en crue et que la marque que nous cherchons est sous l'eau. Je fais part à Simon de ma découverte. Il me répond en riant qu'il le pensait bien mais qu'il ne m'avait rien dit "par respect" ; et puis il croyait que je tenais compte de la crue. Je lui demande, appréhendant la réponse et tout en faisant durer les mots, s'il croit que les eaux auront bientôt baissé suffisamment pour que nous puissions voir la marque comme je l'ai vue la dernière fois. "Jusqu'au mois d'avril ou de mai", me répondit-il (...).
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"Sinfonia Eroica, composta per festeggiare il souvenire di un grand'Uomo, e dedicata a Sua Alteza Serenissima il Principe di Lobkowitz, da Luigi Van Beethoven, op. 53, N° III delle Sinfonie..." Et ce fut le claquement de porte qui le fit sursauter, brisant l'orgueil puéril qu'il éprouvait à comprendre ce texte. Les franges du rideau balayèrent sa tête, puis revinrent à leur place en tournant plusieurs pages du livre. Tiré de sa lecture, il associa des idées de surdité - le Sourd, les inutiles cornets acoustiques... - à la sensation qu'il avait de percevoir à nouveau le vacarme qui l'entourait.
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Les oiseaux revinrent à l'œuf en un tourbillon de plumes. Les poissons se figèrent en frai, déposant une neige d'écailles au fond du bassin. Les palmiers plièrent leurs feuilles, disparurent sous terre comme des éventails refermés. Les troncs absorbaient leurs feuilles et le sol tirait à lui tout ce qui lui avait appartenu. Le tonnerre retentissait dans les vérandas. Des poils poussaient sur le daim des gants. Les couvertures de laine se détissaient, arrondissant la toison de moutons éloignés. Les armoires, les secrétaires, les lits, les crucifix, les tables, les persiennes s'envolèrent dans la nuit, cherchant leurs anciennes racines au pied des forêts. Tout ce qui était cloué s'effondrait. Un brigantin, ancré on ne savait où, emporta en hâte vers l'Italie les marbres du dallage et de la fontaine. Les panoplies, les ferrures, les clés, les casseroles de cuivre, les mors des chevaux fondaient, grossissant un fleuve de métal que des galeries sans toit canalisaient vers la terre. Tout se métamorphosait, retournait à son état premier. La terre redevint terre, laissant un désert à la place de la maison.
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Et c'était là qu'avaient échoué, avec leurs caisses, leurs malles, leurs ballots et leurs corbeilles, les passagers du bateau malade, attendant qu'on pansât ses plaies, tandis que dans la ville d'en face, qui dominait superbement les eaux du port, régnait le sinistre silence des demeures fermées par l'épidémie. Fermées étaient les salles de bal et les boîtes à matelots, avec leurs mulâtresses aux chairs offertes sous les jours des dentelles amidonnées. Fermées les maisons de la rue des Marchands, de la rue de l'Oeuvre-Pie, des Métiers, où l'on présentait souvent, bien que ce ne fût pas il est vrai bien grande nouveauté, des orchestres de chats mécaniques, des concerts de glass-harmonica, des dindons qui dansaient la forlane, les célèbres jumeaux de Malte, et des merles dressés qui, non contents de siffler les mélodies à la mode, offraient avec leur bec des cartes où était écrit le destin de chacun. Et comme si le Seigneur avait voulu châtier de temps en temps les nombreux péchés de cette ville cancanière, vaniteuse et insouciante, voici que tombaient sur elle soudain, au moment où on s'y attendait le moins, les souffles maudits des fièvres qui selon des opinions fondées provenaient de la pourriture qui empestait les marécages voisins.
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Je demeurai silencieux un temps que la joie intérieure libéra de toute mesure. Quand je repris conscience de son écoulement, dans un geste de dormeur qui étire ses bras tout en ouvrant les yeux, j’eus l’impression que quelque chose en moi avait mûri et se manifestait sous la forme singulière d’un grand contrepoint de Palestrina qui résonnait dans ma tête avec la majesté de toutes ses voix.
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Au bout d'un temps dont la mesure m'échappe, à présent, à cause de la brièveté apparente de son écoulement dans un processus de dilatation et de récurrence qui m'avait été alors insoupçonnable, je me rappelle ces gouttes tombant sur ma peau en coups d'épingles délicieux, comme si elles eussent été le premier avertissement, inintelligible pour moi à ce moment, de la rencontre.
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Ici les montres et le chronomètres perdent de leur autorité, et il arrive même qu'on oublie de les remonter ;

(...)

On se lève au son des clochettes des crieurs de chocolat épais au cacao brut, que l'on vend dans des boules sucrées ; pendant la journée, on entend souvent sonner le glas, isochrone et nullement sinistre, pour les âmes des fidèles défunts, que de nombreux habitants recommandent à la cloche du curé en vertu d'une vieille coutume ; à la tombée de la nuit, après la promenade provinciale dans le parc qui est ici triangulaire - seule particularité remarquable de cette ville -, on entend retentir le timbre d'un cinéma (il n'y a qu'un), où l'on projette des films qui sont déjà passés sur tous les écrans de l'île ; puis c'est la nuit, identique aux autres nuits, dans l'attente d'une aurore semblable à celles de toujours - à moins que le ciel ne se bouche, que les nuages n'encapuchonnent de gris la cime du rocher, et qu'il ne se mette à pleuvoir.
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