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Critique de CKaufman


Critique du best-seller « Kant tu ne sais plus quoi faire »
de Marie Robert (chez J'ai lu)

Ce livre est une escroquerie intellectuelle : NE LE LISEZ PAS, gardez votre sage ignorance, car en le citant vous direz n'importe quoi sur les philosophes, que l'autrice (pourtant professeur de philosophie) massacre et tord dans tous les sens de façon totalement irresponsable, démagogique et narcissique, pour leur faire dire tout et n'importe quoi, et en particulier ce qui l'arrange et justifie ses vices (café, vodka, shopping, speed-dating, etc.) ou la console de ses petites frustrations féminines ou maternelles.
Selon sa relecture de Spinoza, Dieu aurait créé la Nature ! (alors que Spinoza est panthéiste). Selon Aristote, se soûler serait « le début de la sagesse » (p. 36) ! Selon Nietzsche, il faudrait « regarder ses pieds plutôt que le ciel » (p. 49) ! L'autrice ose qualifier la philosophie nietzschéenne de « nihilisme actif » (p. 48) ! Selon Platon, il faudrait trouver son bonheur dans l'amour (alors que pour Platon l'amour doit être dépassé et sublimé par l'amour de la vérité et des Idées).
Pascal aurait voulu qu'on vive au présent ! « Puisque tout le monde finit par mourir, rien ne sert de se débattre, mettons plutôt toute notre énergie dans nos actions immédiates », p. 82, alors que Pascal veut qu'on se convertisse et pense à l'éternité). Non (en opposition à l'autrice), la philosophie de Levinas explorant le mystère d'autrui (dont le visage exprime une altérité irréductible) ne justifie pas le désordre, les caprices, l'insolence et les sorties tardives d'un adolescent (Marie Robert est le contraire de Baudelaire : donnez-lui de l'or, elle en fera de la boue).
Distinguant avec Kant l'amour (qui serait compatible avec la raison) des passions, l'autrice nous enjoint à nous libérer des tourments de l'amour en cherchant un amour sans passion ! donc d'aimer sans être amoureux. Merci du conseil ! Cela donne tout de suite envie de se marier. « Aux vertiges de l'amour, préférez la quête de l'amour, le voyage sera plus beau, plus durable, et encore plus fort qu'une vodka glacée ». Voyez en plus la contradiction de cette conclusion : « préférez la lucidité de l'amour, qui va vous enivrer comme un verre de vodka ».
Si vous avez récemment perdu votre chien, Marie Robert a la solution pour vous consoler sur-le-champ avec Heidegger : la mort de votre chien est l'image de votre propre mortalité, car vous aussi vous mourrez un jour comme un chien, donc séchez vos larmes, la vie est belle. Avec Bergson, Marie Robert semble justifier l'addiction au travail (« Vous étiez entré dans l'ère de la sollicitation permanente », p. 123 ; « Alors qu'importent les seize heures de travail journalier, les cernes, l'absence de salaire, de vacances », p. 125) et invente la pénibilité joyeuse : « Bergson nous met à l'aise en expliquant ouvertement que le travail est pénible et usant. Cependant, loin de s'arrêter à ce constat négatif, il ajoute que c'est bien pour cela qu'il est infiniment précieux » (p. 125).
Enfin, elle a besoin de John Stuart Mill pour arriver à la conclusion qu'il faut parfois mentir à ses amis pour ne pas les blesser, avant de nuancer cette conclusion par un étrange conseil : « n'hésitez pas à avouer rapidement à votre amie que vous n'appréciez pas sa cuisine. Vos liens n'en seront que renforcés » (p. 151). Face à une telle sagesse, on a envie de se précipiter à la Sorbonne pour y étudier la philosophie et découvrir par soi-même ces grandes vérités d'une profondeur inouïe et si pratiques. Ce livre est une honte, une insulte à la philosophie et aux grands philosophes, qu'il traîne dans la boue du début à la fin.
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