La gestion des émotions par la société débouche de nos jours sur un phénomène inédit : la gestion de la société par les émotions.
Le monde de l’émotion prétend valoriser l’individu, mais il le prive en fait de son autonomie, de son libre arbitre, en sapant ce qui lui permet de choisir, décider, savoir, au profit de l’impérieuse nécessité «d’éprouver» et de sentir, puis de se fier au ressenti pour se mouvoir en société.
Le transfert de la faveur populaire du héros vers la victime en dit long sur le dolorisme ambiant et le sentiment d’impuissance qui l’accompagne.
l’émotion abolit la distance entre le sujet et l’objet ; elle écrase les échelles temporelles ; elle empêche le recul nécessaire à la pensée ; elle prive le citoyen du temps de la réflexion et du débat.