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Citations sur Ma vie sans moi, suivi de Le monde d'une voix (45)

AUTOMNE


Un reflet du couchant grossit en colline
Œil où le regard est sang.

À l'automne,
La pomme du monde est humide et ronde,
Frétille entre les dents,
Douce peau travaillée de soleil, de pluie, de vent
Puis humide de paix.

Mobiles dans l'ordre de la brume,
Les arbres près du village, roulant comme des bohémiens,
Content de longues histoires de voyage
Où nul ne comprend rien et que l'on craint.

p.185
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Le vieux paysan
  
  
  
  
(...)
Et voilà dans ce grand village ce très vieux père,
Qui médite près des meules pendant la sieste en été ;
Il ne faut pas le déranger pendant qu'il fume,

Accoudé sous sa pipe, entoiletté de feuilles ;
Il contemple avec une inquiétude inerte cette étendue
Où pèse sur lui quelque chose qu'il ne sait pas nommer,
Et nul ne peut lui dire que c'est la solitude ;
Il a déjà beaucoup peiné, mais n'a jamais songé qu'il peine
Ce qu'il a pu se dire lui tire sur les traits.

(…)

La nuit, les paroles, plus près de lui, vont et viennent,
Légèrement comme les ombres qui restent des objets,
Mais cet homme trop vieux les fuit, les écarte du coude ;
Même les mots qui font du bien lui meurtrissent son âme rude.
(...)
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Mon pays


Extrait 5

Et lorsqu’au sol enfin j’accède en égaré,
J’y suis contrebandier d’indicibles souffrances
En me cachant de tous je les porte au marché,
Contre elles dans un coin je demande en silence
De ce vin qu’il me faut pour ne pas trop pleurer,
Mais je n’insiste pas, je suis contrebandier.


/Editions Gallimard, 1940
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Mon pays


Extrait 2

Dans ce pays en dedans des souffrances,
Le chuchotis du Temps n’alourdit plus les branches,
Les mots tombent de moi, sans poids, plus nuls qu’un songe
Où jamais ne s’émut que le remous d’une ombre ;
Trop imagés de mort pour n’être pas présages,
Mes héros délivrés m’ont laissé leurs blessures.



/Editions Gallimard, 1940
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Mon pays


Extrait 1

Je vous viens d’un pays en dedans des souffrances
Où je dois me créer grâce à mes créatures ;
J’y possède depuis mon premier souvenir
Un cheval immobile qui mâche de biais
Son trèfle et j’y possède ce trèfle qui lui tire
En gamin sur les dents pour être enfin mangé.


/Editions Gallimard, 1940
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PAS ASSEZ DÉSESPÉRÉ


Il n’a pas vécu la souffrance humaine ;
Il n’a pas su
Qu’avec Dieu sans Dieu
Nous sommes également des créatures bafouées.

Il est calme, il lui manque l’épreuve et la nuit
Et les mille aventures dans les ténèbres.
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CHANTS RUSSES


Une terre poignante, une terre qui danse et chante
Et sait vivre et sait mourir.

Volga, fleuve d’un poème de milliers d’ans,
Berçant de steppe cent patries,
Maternelle mer du monde entier.

Porteurs de pain, loqueteux merveilleux,

Ce n’est plus une patrie, c’est un chant
De gel, de vent, de neige, de courage.
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FRÊLE PASSAGER


Fleurs, nuages, reflets de la lune,
Bourgeons engourdis dans les forêts d’avril,
Chant du coucou, aile fuyante de l’hirondelle
Me font changer.

Les visions légères et passagères du monde,
L’impermanence des jours, la danse rapide des êtres
Des papillons indécis, des pèlerins au carrefour des routes
Bougent dans ma vie.

Je bouge pour une immense, étonnante vie.
Je parle, je bouge aussi pour la mort.
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LA CHAPELLE DE TENDRESSE

Dans un immense ensilencement d'un monde chu en
tombe,
Battement de battant, trop tendrement j'ai carillonné,
Me balançant ombreux, ballant battement.
Dans l'ombre j'ai oscillé, battement de battant.

p.139
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Prière II
  
  
  
  
Il faut me croire, bon petit Dieu,
S'il est si dur pour vous, c'est qu'il n'est pas heureux.
Il vit parmi des signes, très noirs, qui ont une vie,
Et dont s'occupent les beaux messieurs très riches ;
Il les dessine sur du papier le soir sous notre lampe
Et c'est tout tacheté comme une pomme de novembre.
Vous êtes bien témoins, je lui disais les premiers soirs :
« C'est mal , Armand, de ne pas aller dormir,
« De ne pas suivre cette ombre que Dieu nous donne
« Pour qu'entre lui et notre peine il n'y ait plus personne. »
Mais il n'a pas voulu et maintenant c'est lui qui gronde :
Tout un vitrail de joie traverse nos pauvres murs,
Et, regarde, mère, il n'y a plus de lassitude,
Me dit-il sans bouger pendant que je tricote,
Mais moi je ne vois rien qu'un miracle bien triste
Et je m'en vais toute petite pleurer sur lui près des talus.
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