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Critique de Latulu


Bienvenue à bord du vaisseau interstellaire multigénérationnel à destination d'Aurora située à 11,9 années-lumière de la Terre. Notre vitesse de croisière sera de 108 millions kilomètres à l'heure. le voyage sera long et nous vous recommandons de vous préparer à quelques perturbations. Nous vous demandons surtout, et quoi qu'il vous en coûte, de conserver votre calme si vous ne voulez pas terminer comme l'équipage du second vaisseau…
Six générations humaines plus tard, Aurora, la nouvelle Terre promise, est en vue au grand soulagement de Devi, l'ingénieure en chef qui avait noté plusieurs signes de délabrement du vaisseau.
J'ai aimé partager le quotidien de ces descendants de colons et en particulier celui de Freya que nous rencontrons à ses quatorze ans alors qu'elle s'apprête à effectuer son Wanderjahr, c'est-à-dire l'exploration du navire spatial et des différentes communautés qui le composent. Nous découvrons ainsi une population dans laquelle chaque groupe a son propre mode de vie et ses coutumes. Une réelle harmonie existe entre les factions grâce à la conscience collective de la nécessaire coopération pour la survie. de plus, l'écosystème développé sur le navire pourvoit à tous les besoins élémentaires. Certaines pensées haineuses circulent toutefois sur le contrôle imposé des naissances, les puces électroniques implantées dans leurs corps pour les localiser ainsi que les micros et caméras dissimulés un peu partout. de nombreux habitants n'hésitent pas à dire qu'ils considèrent le vaisseau comme une prison.
Cette première partie du récit se révèle très intéressante car elle nous permet d'observer presque sous microscope comment le lien avec la Terre s'est effrité au point que cette dernière n'est presque plus qu'une légende, une terre inconnue qu'aucun membre du vaisseau n'a jamais foulée. Les habitants, bien qu'éduqués sur l'histoire terrienne et donc leur origine, ont néanmoins développé leur propre mythologie dans cet espace exigu (l'auteur évoque une centaine de km² pour 2 122 personnes).
Les habitants évoquent ainsi les cinq fantômes (les premiers décès lors de la phase d'accélération du vaisseau 160 années plus tôt) et les sauvages : des humains qui auraient réussi à vivre dans l'anonymat en se réfugiant dans des bionomes (petits écosystèmes) et à échapper à l'Oeil du vaisseau.
Bien que le récit soit construit comme un space-opera, l'auteur n'est pas avare en explications mathématiques, astro physiques et physique quantique. Je ne vous cache pas que j'ai lu certains passages du coin de l'oeil…
Fort heureusement, pour moi en tout cas, la richesse du scenario a maintenu mon intérêt.
L'auteur mélange en effet à tout ces éléments scientifiques, une vraie réflexion philosophique sur le syndrome d'insularité et la dévolution zoologique. Il explore à travers ce microcosme humain nos différents systèmes et réflexes de survie, nos capacités d'adaptation et d'élaboration de systèmes politiques pour vivre en communauté.
La deuxième partie du récit se concentre principalement sur ces éléments. Des difficultés et des tensions apparaissent. J'ai trouvé certains passages un peu longs, l'auteur ayant une fâcheuse tendance à tout analyser sous le prisme de divers paradoxes tandis que l'action est moins présente.
Le récit se déroule sur une quarantaine d'années mais les ellipses sont bien gérées, l'écriture plutôt agréable bien que parfois dense.
Une arche dans l'espace à la recherche d'une terre à coloniser, des hommes à bout de nerfs, des tensions et de nombreuses questions à résoudre… Une lecture exigeante mais passionnante.
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