Je les ai mieux regardés, ces quatre sympathiques bouseux qui doivent se voir en figures locales parce qu'ils se torchent la gueule entre les mêmes quatre murs tous les samedis soirs. Après tout, ils ne sont pas pires que ceux que j'ai croisés dans le Wyoming ou dans le Texas. Pas pires que ceux qui se saoulaient hier à la foire de Lexington. Ils doivent écouter de la musique country ; alors pourquoi pas d'authentiques chansons de cow-boy ? Je saisis l'opportunité par le crin et j'ouvre ma valise :
- Je suis chanteur. J'interprète de vieilles ballades de cowboy. Streets of Laredo, Strawberry Roan, Get along Little Doggies, Old Paint... Et je les chante avec d'autant plus de sincérité que j'ai passé dix ans dans le circuit des rodéos.
Aujourd'hui, l'espace est rétréci, le sacré a disparu. Faut croire que l'homme est devenu trop grand, qu'il cultive son orgueil comme un cancer et qu'il crève à petit feu de la sensation désagréable de porter un costume qui ne lui était pas destiné.
C'était comme ça dans le sud : on avait beau rouler des mécaniques, les femmes avaient gagné la guerre depuis longtemps.
Nous avons compris que grand-père commençait à débloquer le jour où il a désigné la tête de Trump à la télé en lâchant : regardez comme mon fils passe bien à l'écran !