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EAN : 9782709608770
141 pages
Non renseigné (30/11/-1)
4/5   6 notes
Résumé :
JC Lattes, Paris, 1990 - 22,5 x 14 cm - Broché.

Quatrième de couverture : « Ce serait peu de dire que je ne t'aimais guère. Je ne t'aimais pas... » Tombant comme un couperet, la première phrase de Péché Mortel est à l'image même du livre : le cri de révolte d'une petite fille contre son père.
De cet homme tyrannique, elle ne voit que la violence qui l'habite, incontrôlable, insupportable. Il n'est plus le père, désormais il est « l'Autre ». Celui ... >Voir plus
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis parfois interrogée sur le goût irraisonné, presque physique, qui m'a toujours fait préférer les vaincus aux vainqueurs.
Avec une sollicitude infatigable j'ai toujours consolé ceux qu'on venait d'humilier ou de frapper. Je les ai exhortés à prendre une revanche que je prédisais éclatante. Je leur proposais mon aide indéfectible.
Longtemps j'ai aimé croire que mon élan vers les opprimés, les victimes était inspiré par une générosité dont je me félicitais. Devenant moins encline à m'attribuer tant de vertus, je m'étonnais parfois de cet esprit de charité qui me faisait perdre tant de temps. Il me sembla, peu à peu, qu'un altruisme si facile, si empressé, n'était pas très méritoire. Dans le doute, je l'inscrivis encore à mon compte.
Mais , ces encouragements à la révolte, bien qu'ils fussent toujours couronnés de succès, mirent parfois en péril ceux à qui je les dispensais. Cela m'inquiéta.
Je dus admettre enfin, tout en acceptant les remerciements de brebis qui avaient, grâce à moi, quelque peu appris à mordre, que mes stratégies, mes sermons, n'étaient pas le fruit d'admirables qualités de justicière.
A travers ces faiblesses que j'avais confortées, ces volontés que j'avais aiguisées, c'était ma propre revanche que je poursuivais.
C'était toi, l'homme fort, l'homme qui gagne et dépense de l'argent, l'homme qui dit "je veux", l'homme qui dit "pars" que je poursuivais pour le réduire.
Contre toi, j'ai gagné, par procuration, bien des batailles.

Chapitre Jours de colère, p 32-33.
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Quand Germaine (qui, s'appelant en réalité Juliette comme Madame, se voyait appliquer son second prénom) racontait sa vie à la couturière itinérante, je comprenais à ma façon ce qu'elle disait d'une voix chargée tour à tour de passion et d'exécration.
Il semblait qu'elle eut été victime d'un accident dont en même temps elle se glorifiait, et bénissait les conséquences.
Elle racontait comment elle avait été "violentée par un paysan à l'âge de huit ans".
Cela se passait dans un champ. Le paysan avait commis son agression en saisissant les jambes de Germaine et en la maintenant tête en bas, comme s'il voulait marteler les sillons avec sa tête.
La couturière ne se lassait pas de poser de nombreuses questions. Elle était comme moi avec Mémé, réclamant sans cesse le récit de tous les détails.
Depuis - et Germaine le disait comme si elle en tirait gloire - elle était devenue "lesbienne". Jamais un homme ne l'avait touchée, affirmait-elle.
Je ne compris que très longtemps après l'agression incompréhensible dont elle avait été la victime.
Je croyais qu'elle avait été battue par une brute et qu'une lesbienne était une sorte de guerrière grecque exerçant vengeance contre les balourds grâce à la pratique des sports de combat.
Cela, je le "voyais" très bien.
Quand on vous a frappée il convient de devenir très forte pour se défendre. Le titre de "lesbienne" impliquait une sorte de profession de foi qui situait Germaine entre la philosophe, la gymnaste et la vestale.
Je sentais qu'il y avait dans ce mot - et surtout dans la façon dont Germaine le prononçait - une expression d'indépendance et de révolte contre le monde des hommes, contre le monde des pères. J'envisageais d'entrer plus tard, dans ce cortège valeureux.

Chapitre Portrait de groupe avec cris, page 61 à 63.
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Je sais bien que chaque enfant censure, condamne en secret quelque crime mythique commis par ses parents.
A travers Noëls et anniversaires, parmi les cadeaux qu'on croit lui avoir faits, il trouve des offenses qu'on n'a pas voulu infliger, des vols, des trahisons qu'on ne savait pas avoir commis.
Je sais bien que lorsque je serai partie, il retournera, lui aussi, vers son petit cimetière de désirs ou de bonheurs que j'ai écrasés sans le savoir. Il abolira sa rancune pour ma faute enfouie dans cette cave où nous cachons nos monstres. Les morts ont toujours raison. Un jour vient où on est obligé de leur pardonner.
Moi aussi, je t'ai pardonné. Trop tard.
Mais quand un bonheur m'arrive, je pense à toi.
Je veux croire, je crois que, loin là-bas, dans les grandes plaines bleues, derrière les balcons du ciel, tu m'envoies un petit soleil pour me dire que tu sais - et que tu m'aimes.

Chapitre Soleils noirs, p 141-142.
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Je savais aussi que si les plaisirs sont passagers, les chagrins ne le sont pas moins.
Lorsqu'on est frappé par l'épée qui casse les vies en deux, rien n'est joué. Le lendemain, on peut dans une pâtisserie, engloutir des gâteaux et rire.
Le cadeau de l'oubli. Le scandale de l'oubli.
Si on enterre si vite les morts, pourquoi montrerait-on plus d'égards pour les vivants ?

Chapitre Soleils noirs, p136.
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Je sais bien que lorsque je serai partie, il retournera, lui aussi, vers son petit cimetière de désirs ou de bonheurs que j'ai écrasés sans le savoir. Il abolira sa rancune pour ma faute enfouie dans cette cave où nous cachons nos monstres. Les morts ont toujours raison. Un jour vient où on est obligé de leur pardonner.
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