— Entre vos mains, toute nourriture se change en nectar divin, maîtresse Raquel, murmura-t-il.
— Vous ne devez pas parler ainsi. C’est mal… et impossible.
— Qu’est-ce qui est impossible ? Que je tombe amoureux d’une femme belle, habile et douce qui vient m’arracher à mon désespoir et me rend l’envie de vivre ? En quoi est-ce impossible ?
Chacun porte son fardeau. Et bien que je ne sois pas souvent aussi calme que j’en donne l’impression, il ne me serait pas plus utile de me plaindre de l’humidité de la mer que de ma cécité. Ce sont des choses auxquelles on ne peut rien changer. Et puis, il me reste beaucoup. J’entends, je sens, j’ai le goût et le toucher.
Il y a toujours des gens pour qui la mort d’un propriétaire terrien est synonyme d’avantage.
L’avarice est la cause de tous les maux.
Je suis médecin, dame Emilia, précisa Isaac. Je fais de mon mieux pour venir en aide. Rien de plus. Non, je ne fais pas de miracles, mais simplement de mon mieux.
Le vent du destin nous porte là où il le veut.
Le hasard est chose bien étrange, non ? Qu’un propriétaire terrien désagréable et que nul ne connaît puisse dîner un jour au palais épiscopal et pas le lendemain, puis qu’il choisisse ce jour précis pour quitter la ville à l’improviste, voilà qui ne peut relever que du hasard.
On ne le paye pas pour être curieux.
— Comment pouvez-vous juger du poids d’une bourse ?
— C’est le son qui nous l’enseigne. Le poids des pièces produisait un son un peu terne.
— C’est une mule, et elle ne coopérera que si elle vous connaît et vous apprécie. Ce sera alors la meilleure monture au monde. Il vaut mieux commencer par un cheval étranger que par une mule qui ne vous connaît pas, maîtresse Raquel. À condition que ce cheval ait été soumis à une main experte et que vous le maniiez avec détermination.