À VIF DANS LA LUMIÈRE
Où puis-je découvrir le nom
qui me convienne ? Peut-être
est-il enfoui dans l’ombre,
quelque part. Me faut-il évoquer
un tout autre départ, dans le chaos
du temps, pour qu’enfin je l’obtienne ?
Si un poème doit éclairer la nuit
noire, j’irai chercher, là-bas,
au creux de ma mémoire où dort
depuis toujours, comme un ciel absolu,
un reste de beau temps qui ne fut pas
vécu. Un papillon du soir en sait plus
sur le jour qu’un rayon de soleil
penché sur une branche. De même,
si de l’ombre on ne voit qu’un contour,
on devine en son cœur une lumière
blanche. La neige vole au ciel
la grandeur de son bleu, les arbres
sont surpris et le chat gris
qui passe, regarde avec lenteur
cet indicible jeu entre le firmament
et le sol qui s’efface. Un poème
n’est pas un surcroît d’élégance
qu’on appose à la vie en guise
d’espérance, il surgit d’un ailleurs
où l’on est à la fois étranger
et présent, sans trop savoir pourquoi.