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Critique de gill


Y aurait-il derrière la plume d'Olivier Rolin un docteur Jekyll et un mister Hyde ?
Le premier aurait eu une idée lumineuse, il aurait travaillé son sujet et eût envie de raconter deux édifiants destins croisés ; et l'autre n'aurait eu de cesse que de l'interrompre par d'interminables digressions et d'oiseuses remarques.
"Jusqu'à ce que mort s'ensuive" est un essai historique et littéraire d'Olivier Rolin, paru en janvier 2024 à la prestigieuse collection "Nrf" des éditions "Gallimard".
Il s'agit ici d'un arrêt sur image opéré sur un passage des Misérables du grand Victor Hugo.
La perspective était tentante et originale.
Un duel s'est déroulé entre deux hommes qui se haïssaient, deux révolutionnaires français en exil en Angleterre : l'ouvrier mécanicien Emmanuel Barthélémy et l'officier de marine Frédéric Cournet.
Qu'a pu-t-il bien se passer entre ces deux hommes qui tous les deux étaient sur les barricades lors de la révolution de 1848 ?
Malheureusement l'auteur de l'essai, Olivier Rolin a décidé d'en être aussi un des personnages centraux.
Il s'y impose, joue des coudes entre Hugo, Balzac et quelques autres.
Il s'y met en scène, par exemple, à l'école communale de la rue de l'Amiral-Roussin où il se souvient de ses retards et de l'apparition du stylo Bic, ou bien à la citadelle de Cascais où il rédigea une partie de son livre "Extérieur monde".
Au début, c'est agréable à la lecture.
Mais très vite les remarques et les digressions deviennent envahissantes et finissent par polluer un récit qui finalement va en perdre tout intérêt.
Ce livre résonne comme une excellente émission de radio qui du fait de parasites serait devenue inaudible.
Peut-être ne suis-je pas à niveau ?
Mais cela m'a semblé confus et désordonné.
Le propos d'Olivier Rolin passe du réel à la fiction sans aucun préambule, du coq à l'âne, d'un personnage à un autre sans qu'ils n'aient été vraiment présentés.
Il interrompt par exemple le récit d'une évasion pour nous suggérer ce que l'on doit penser de chacun des évadés !
Tonnerre de Brest !
Ne serait-ce pas un peu fort de café ?
Par contre l'explication de la "curieuse" similitude entre le bonnet de bagnard et le "phrygien" se trouve dans "le bonnet rouge", ce curieux roman en vers de Daniel de Roulet paru en août 2023 aux éditions "Héros-Limite".
Il est donc difficile de garder le cap dans cet essai d'Olivier Rolin.
Plus grave, son propos m'a paru à certains petits passages comme artificiel, comme fabriqué pour l'occasion sans que cela en vaille vraiment la peine.
Mr Rolin aurait pour la première fois parcouru les notes annexes d'Histoire d'un crime, les ayant négligées jusque-là en raison de leurs caractères minuscules qui répugnaient à ses yeux.
Allons bon !
Pourtant, il y a du style et de l'idée dans cet essai.
Je suis passé à un doigt d'y être captivé car Olivier Rolin possède son sujet et le manipule à son gré.
Il aurait peut-être fallu qu'il en enlève un de ses personnages, en l'occurrence lui-même.
Hugo ceci, Hugo cela ...
Hugo n'a pas assisté à la scène.
Hugo patati, patata ...
Mais en page 89, Olivier Rolin a demandé pardon à Hugo d'avoir douté d'eux.
De qui ?
D'eux !
N'en doutons pas, de manière "chateaubrianesque" (p62) et Outre-Tombe, le grand Hugo a dû s'en sentir soulagé ...

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