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Critique de mylena


Cette relecture d'une pièce des années 20, c'est à dire peu après la pandémie de grippe espagnole , n'est à mon avis pas une bonne idée par les temps qui courent, car le risque est grand de voir dans cette histoire un parallèle avec la période actuelle. Parallèle qui aurait malheureusement tendance à conforter les gens dans le déni, et à les tourner vers des profiteurs d'un autre genre (ceci dit, certains influenceurs qui répandent des fake news, vendent leurs livres, prônent des remèdes de bonne femme, et qui ne sont pas docteurs sont assez proche du docteur Knock). Alors que c'est quasiment l'inverse car dans Knock ce que reproche la population au Docteur Parpalaid c'est d'abord de ne pas être à son écoute et surtout de ne pas avoir su la soigner pendant l'épidémie de grippe espagnole. Ce à quoi le Docteur Parpalaid répond : « Quelles choses il faut s'entendre dire ! Alors, vous croyez qu'un « vrai médecin » peut combattre une épidémie mondiale ? A peu près comme le garde champêtre peut combattre un tremblement de terre. Attendez la prochaine, et vous verrez si le docteur Knock s'en tire mieux que moi. » Il n'y a donc aucun déni de la maladie ou de sa gravité, bien au contraire nous assistons à la création du malade imaginaire, à une marchandisation de la médecine et à la course au malade comme client dont effectivement il y a quelques traces aujourd'hui dans l'industrie pharmaceutique (les statines par exemple), dans les pénuries de médicament, la fermeture de lits d'hôpitaux, … Pour revenir à Knock et à Jules Romains, son Triomphe de la médecine tient du Malade imaginaire de Molière. Dans l'acte I nous faisons connaissance avec le Docteur Knock et avec son confrère et prédécesseur qui tente de l'escroquer sur la valeur de son cabinet ainsi que de sa voiture, les scènes sont truculentes et nous commençons très vite à cerner le personnage. A noter que le Docteur Parpalaid n'a aucun scrupule à laisser la population aux mains de Knock alors qu'il a très vite de gros doutes. L'acte II est constitué de quelques scènes des premières entrevues de Knock avec l'instituteur, le pharmacien et quelques habitants du cru. Nous découvrons alors l'ampleur de son talent de charlatan, sa capacité à prendre l'ascendant, à dominer le patient en lui inspirant la peur de la maladie. Ce Knock se comporte presque en gourou. L'acte III se déroule quelques mois plus tard, et nous découvrons en même temps que Parpalaid venu encaisser son dû, les résultats de la méthode Knock, ainsi que les procédés froids et calculateurs dignes d'un entrepreneur qu'il a utilisés pour parvenir à ses fins. Knock ou le triomphe de la médecine, c'est l'art et la manière de transformer une population bien portante en une population de malades à coups de diagnostics alarmistes (mais aussi de quelques conseils d'hygiène de vie). Il invente la médecine à trois vitesses selon les revenus, sans trop de dommages puisque tous ses malades sont en bonne santé.
Cette pièce est une farce truculente, mais pleine de finesse psychologique et sociologique. On y voit l'évolution de la médecine vers un métier très lucratif, entouré de tous les services paramédicaux qui y trouvent aussi leur compte. C'est aussi une belle fable sur le capitalisme ou l'art de créer des besoins. La pièce est pleine de répliques qui font mouche, de formules ou de sentences mémorables, la plus courte étant « Pas de bras, pas de choléra ! » Une pièce désopilante qui fait un bien fou.
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