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Citations sur La France et l'indépendance de la Grèce (7)

Jusqu'à la fin du XVIII siècle, tes relations internationales, qu'elles soient pacifiques ou belliqueuses, étaient l’affaire exclusive des monarques et de leur entourage, dans lesquelles les peuples n’avaient rien à dire et qu’il leur était d'ailleurs difficile d'appréhender. L’émergence de l'opinion publique, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, en fait désormais un facteur dont les cabinets ministériels doivent tenir compte. Parallèlement la notion de nationalité apparaît également à cette époque, et assez logiquement, ces deux mouvements s’appuient l'un sur l'autre, profitant de l'essor de la presse et de la diffusion de divers moyens de communication.
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Cela signifie clairement que les Européens laissent carte blanche à l'Empire Ottoman pour rétablir l'ordre et Metternich ajoute avec cynisme : « Les complications qui peuvent survenir en Orient échappent à tous les calculs ; peut-être est-ce peu de chose là-bas, par-delà nos frontières orientales, 300 000 ou 400 000 individus pendus, égorgés, empalés, cela ne compte guère ! »
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L'efficacité de l'action proprement dite de Byron est limitée, bien qu'il y ait englouti sa fortune, mais le retentissement de sa mort alarme toute l'Europe. Le portrait du poète que dresse l'écrivain Gabriel Matzneff est significatif de celui d'une génération ébranlée dans ses profondeurs par les bouleversements politiques, militaires, économiques, moraux, avec leur cortège de souffrances et de gloire, entraînés en Europe par le tournant des XVIIIe et XIXe siècles : « Ce pessimiste allègre, cet égoïste généreux, ce gourmand frugal, ce sceptique passionné, ce grand seigneur nonchalant qui fut un révolutionnaire actif, ce nordique fasciné par l'Orient, ce tempérament de droite aux idées de gauche, ce pédéraste couvert de femmes, ce disciple d'Épicure qu'habitait la peur de l'enfer chrétien, cet adversaire de l'impérialisme qui vénérait Napoléon, ce suicldaire amoureux de la vie, cet ami des Turcs qui est mort pour la liberté des Grecs, ce poète à la réputation sulfureuse et au cœur pur. »
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La Porte ne prend pas même le soin de faire part de sa position, tout occupée qu’elle est de préparer la nouvelle campagne militaire, avec l'appui cette fois de son principal vassal, le pacha d'Égypte, Méhémet Ali. Celui-ci est très riche car il a mis son pays en coupe réglée pour son profit personnel, au prix d'une grande misère de sa population. Largement soutenu par la France qui s’intéresse à ce pays depuis l’expédition de Bonaparte, il a entrepris de moderniser son armée. Des instructeurs français, d'anciens soldats de la Grande Armée, lui inculquent la discipline, le maniement de l'artillerie et équipent une flotte puissante avec des navires souvent construits à Toulon. Le principal artisan de cette modernisation est un marin français, Joseph Sève, blessé à Trafalgar, puis versé dans le renseignement, il termine sa carrière impériale à l'état-major du général Grouchy. Demi-solde en 1815, il part pour l'Égypte afin d'y refaire sa vie. Son entregent le mènera au poste de généralissime des armées égyptiennes en 1833, après qu'il s'est converti à l'islam et donné le nom de Soliman-pacha en 1821. Les ambitions de Méhémet Ali sont mystérieuses mais on pense qu elles sont grandes et que Mahmoud II lui a fait miroiter la suzeraineté de la Grèce, à lui ou son fils Ibrahim-pacha, chargé de conduire ses armées. Il est prévu que l’Egyptien apportera près de 25 000 hommes et une grande partie de sa marine. Celle-ci, retardée par un gigantesque incendie au Caire, volontaire ou fortuit, on ne sait, arrive en juin 1824 dans les Cyclades.
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Le 14 avril 1824, à l'âge de trente-six ans, lord Byron meurt après tout juste trois mois et demi de présence à Missolonghi.

C'est évidemment la consternation la plus totale. Le Journal des débats publie une lettre reçue de Missolonghi, datée du 15 mai : « Nous sommes tous vêtus en noir depuis la mort de notre illustre bienfaiteur. La perte de lord Byron est sans contredit une calamité pour toute la Grèce. Ce poète sublime qui, par les seuls accents de sa lyre, épouvantait nos infâmes tyrans, qui, par son génie héroïque, ranimait le courage de nos guerriers intrépides, et dont les chants divins valaient une armée entière, a rendu le dernier soupir au milieu de nos braves et dans les bras de notre digne prince Mavrocordatos. Il est mort en formant les vœux les plus ardents pour la parfaite indépendance de cette belle Grèce qu’il aimait avec transport. Voici les dernières paroles qu'il a proférées dans les derniers instants de sa vie et qui déjà retentissent de bouche en bouche dans toutes nos contrées : "Je meurs content avec le doux espoir que la Grèce sera bientôt entièrement délivrée de ses barbares oppresseurs et que les souverains de la Chrétienté se feront un saint devoir de proclamer son indépendance. Puisse au moins ma mort rendre ces puissants potentats plus humbles et plus généreux envers votre héroïque patrie. Mais vous, braves Grecs, poursuivez toujours votre glorieuse carrière, écrasez vos tyrans, ayez toujours pour devise : Délivrer toute la Grèce ou mourir. »
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Delacroix (...) expose son grand (H : 4,17m; L: 3,54 m) et fameux Massacre de Chio. Très probablement fils de Talleyrand, mais officiellement de son prédécesseur au ministère des Affaires étrangères sous le Directoire, Charles Delacroix, dont l'épouse avait été la maîtresse de l’évêque. Eugène est âgé de vingt-six ans lorsqu'il présente son tableau.
(...)

Le critique artistique de l’Annuaire historique de 1824, même s'il trouve que le tableau est « hideux », reconnaît que « Delacroix a travaillé sous l'empire d'un sentiment généreux ; il a voulu soulever l'âme d'indignation en rendant sensible à nos organes toute l'atrocité du massacre des Grecs : il a voulu nous exciter à la vengeance ; c'est un noble but ».

Cette œuvre tragique illustrant ces massacres, largement relatés par des correspondances diverses et les journaux du temps, comme le précise le livret du Salon, est achetée par l'État pour un prix élevé (6000 fr.), qui montre bien le retentissement qu'elle suscite.

Ce choc provoqué par la composition de Delacroix a inspiré de nombreux artistes : une recension effectuée à l'occasion de l'exposition La Grèce en révolte réalisée à Bordeaux en 1996 puis à Paris et Athènes en 1997, dénombre que 110 tableaux et dessins se rapportant à la Grèce ont été exposés entre 1824 et 1830, les auteurs les plus féconds étant Delacroix avec 22 œuvres, Ary Scheffer, 19, puis Horace Vernet, 13. Entre 1821 et 1833, on note la production de 214 gravures philhellènes.

Mais le Massacre de Chio reste l'œuvre picturale emblématique de la guerre gréco-turque, comme le sont Le trois mai 1808 de Goya pour la prise de Madrid par Murat ou Guernica de Picasso pour la guerre civile espagnole.
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Si Metternich, le champion de la légitimité conservatrice, parle d’« une épouvantable catastrophe » le roi d'Angleterre, George IV, s'attriste de «cet événement sinistre », Nesselrode qualifie la bataille de Navarin « d'immense triomphe ».

Le gouvernement français ne s’exprime pas, mais la presse exulte. Le Journal des débats, dans son édition du 9 novembre, ajoute un postscriptum : « ~ dix heures du soir - Victoire ! La Grèce est sauvée !

(...)
Quelques Jours plus tard, le quotidien reprend son offensive contre le gouvernement : « Tous les cœurs ont battu de joie en France, excepté ceux de nos ministres. Et ne demandons plus pourquoi le canon n’a pas annoncé un des plus beaux faits d’armes de notre marine, pourquoi un Te Deum n’a pas célébré celui de la Croix. Les discours de M. de Villèle à la tribune sur son ami le pacha d'Égypte sont là pour nous expliquer comment, après le Sultan et M. de Metternich, c'est peut-être lui en Europe, à qui l'anéantlssenient de la flotte turco-égyptienne aura causé le plus de chagrin (...)Traînés par l'opinion publique aux négociations de Pétersbourg et plus tard à celles de Londres, nos ministres se sont dit, en y prenant part, nous éviterons la guerre et la Grèce restera sous la domination de la Porte. Eh bien, la paix est troublée et la Grèce affranchie. Mais nos ministres, seuls, ont perdu le droit de nous parler de son salut et nous n’en remercions que nos marins. »
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