Je détestais souvent les groupes qu'ils écoutaient, de Children of Bodom à Amon Amarth en passant par Dimmu Borgir et Cradle of Filth, mais tout le monde ne pouvait pas tout connaître d'emblée et je m'évertuais à les mener vers ce que j'appelais le droit chemin, à savoir celui des groupes discrets, mais habités par leur art.
Je sais que vous pouvez comprendre, la musique est ma raison de vivre, la seule chose qui m'apaise. Grâce à elle, j'ai appris à avoir de l'estime pour moi-même. Elle est la quintessence, la plus jolie partie de mon être, la seule. Sans elle je suis vide, et je veux désormais rejoindre ce vide qui m'appelle
Et l'on revient toujours au même sujet : la musique. C'est le langage des gens qui, comme moi, sont un peu autistes sans vouloir l'admettre, de ceux qui vivent au-dedans plutôt qu'au-dehors et qui remarquent à peine les êtres qui évoluent à la périphérie de leur monde.
Je crois que j'aspire à un temps révolu, lorsque la nature n'était pas encore lacérée par les griffes de notre orgueil. Peut-être ce monde-là n'a-t-il jamais existé. Il me semble que, dès les prémices de son histoire, l'Homme a voulu s'imposer au mépris de tout. Mais pourquoi dis-je notre orgueil ? Je ne me reconnais pas dans ce chaos de béton que certains nomment progrès. Une fuite en avant, voilà ce à quoi je résumerais le cheminement humain.
Je pourrais commencer par vous murmurer mon prénom et peut-être même mon nom, vous pourriez connaître l'année de ma naissance et je vous direz de quelle ville j'arpente les rues. Vous sauriez comment je gagne ma vie et je vous confierais le nombre de mes amis. Peut-être cela a-t-il de l'importance pour vous.
Mais pas pour moi.
Je voudrais commencer mon récit par une note de musique et je crois que ce livre s'écrira en sol mineur.