AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Quarto



Le plus rassurant, c'est que l'histoire commence près de 100 000 ans après la COP 28 cet automne à Dubaï. Donc c'est pas pour demain. Mais entre le début du roman et la fin du monde, en revanche, il n'y a pas loin. Correction : le titre du livre de Rosny Aîné (La Mort de la terre) est plus représentatif de la vanité humaine, qui mesure toute chose à son aune, que du roman lui-même qui raconte l'extinction de l'humanité mais entrevoit sur terre un nouveau monde, dans « la crainte et le respect du minéral ».

Après ce saut dans le temps, revenons en arrière, au 19e siècle, quand J.-H. Rosny commence(nt) à publier en 1886. le nom de plume réunit les frères Boex. « Les frères Rosny sont un grand écrivain », s'amusait un critique. Ils sont ensemble l'auteur d'une oeuvre monumentale, jusqu'à la mort de l'aîné en 1940. de celui-ci, sans son cadet, on célèbre encore l'impérissable Guerre du feu (1911) et cette Mort de la terre (1912).
Ensemble, délaissant la prospective technologique mise en oeuvre par Jules Verne, avec H.-G. Wells outre-Manche, ils inventent un nouveau genre, le « merveilleux scientifique », ancêtre de la Science-Fiction.

Dans La Mort de la terre, une humanité rendue torpide par des millénaires de sobriété est menacée par la disparition de l'eau. Mais qu'importe, la mort (euthanasie) est si douce ! Seul Targ, le veilleur, les passions ranimées par l'amour, a encore suffisamment d'espoir chevillé au corps pour persévérer dans son être. « Mes rêves sont ridicules, pourtant ne m'aident-ils pas à vivre ? Ne me donnent-ils pas un peu de ce jeune bonheur qui a fui pour toujours l'âme des hommes ? »

Rosny Aîné a le souci de la science, de la démonstration, et il prend grand soin de la cohérence de son univers. de l'évolutionnisme, il tire de belles idées, tels que le règne futur des ferro-magnétaux ou la persistance d'oiseaux ayant acquis des bribes de langages. Mais il en fait peu de choses.
Il fut Naturaliste (signataire du Manifeste des cinq qui accusa Zola d'avoir trahi leur cause littéraire au profit des turpitudes sociales). Mais son style étincelant comme un casque de pompier l'attache aussi en épigone du Parnasse, et son élégie mortelle aurait sans doute gagné à ce qu'il versât encore davantage dans l'exercice de style.

Principalement, le roman décrit, avant la fin du monde, la perte de l'espérance d'une humanité désormais sans ressort. Guère de suspense, peu d'enjeu : cette vie ne mérite peut-être pas d'être vécue — ni cette histoire d'être racontée.
Seul Targ s'accroche : « La mort seule détruira mon espérance. » Mais on l'entend davantage comme truchement du lecteur des 20 et 21e siècle que comme représentant des siens que plus rien ne retient. Les autres personnages sont des ombres et rien n'est donné qui nous fasse frémir à l'idée de leur sort ou vibrer pour leur survie.

Toutefois le roman n'est pas bien long et ses aspects prophétiques assez amusants en cette aube de canicules (« maints savants prédisent que l'Humanité périra par la sécheresse »).

Allez, par curiosité.

"Targ avait la tête basse, les épaules rentrées ; il était comme un homme qui va s'écrouler. Et il murmura, plein d'horreur :
— Est-ce, enfin, la mort des hommes ?"
Commenter  J’apprécie          222



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}