Voilà une jeune et nouvelle auteure très prometteuse.
Ce dont les montagnes se souviennent reprend les souvenirs de jeunesse d'Azam, la mère de l'auteur. Nous sommes en Iran, près de Téhéran, vers les années 1970 je crois.
Marale Rostaing retranscrit et nous fait partager avec beaucoup de sensibilité et de poésie, ce dont les yeux de sa mère ont perçu, avec maturité et sagesse, du monde dans lequel elle vivait alors qu'elle était jeune adolescente.
La transmission orale est une notion chère à l'auteure car ancestrale, spontanée et qui malheureusement a tendance à disparaître devant la multitude d'écrits pas toujours proches de la vérité.
L'auteure nous prend la main et nous invite dans la maison familiale où nous faisons la rencontre de toute la famille. Et quelle famille ! Les frères et soeur d'Azam, Ali le plus grand, un peu effacé, Hamid le petit turbulent qui ne comprend toujours pas comment ni par qui ses devoirs sont tout à coup complétés et la petite Afsaneh dont je vois encore les yeux écarquillés devant le spectacle de marionnettes. Un passage très émouvant.
Naneh, la gouvernante au lourd passé et tellement attachante.
Les parents possédant un commerce pas comme les autres, anéanti chaque fin d'année par un incendie criminel de la police secrète. La solidarité des voisins, du village, apaise leurs tourments.
Aziz Khanoum, une grand-mère aux principes moraux rigoureux, au tempérament de feu, indispensable pour se maintenir une place au sein de la famille, de la société. Mais Aziz est aussi dotée d'un coeur grand comme ça et d'une immense générosité, mais cachés sous ses voiles.
J'ai adoré écouter le grand-père Agha Joon parler de son métier à Azam. Toutes ces jarres emplies d'un riz consciencieusement choisi, destiné à nourrir le pauvre comme le riche. Un vrai poète Agha Joon !
Et la tante Suri, née dans un pays où la femme a si peu de poids. Eternelle rebelle, elle aura peu de choix pour goûter à une liberté certes légitime, mais ici complètement anéantie.
La résilience devient un trait de caractère pour chaque membre de la famille, même face à la mort du cousin Faride.
Ce petit livre de 115 pages regorge d'amour familial dans une société où la femme n'a aucun droit.
Merci Marale de nous avoir convié au délicieux festin, dans le jardin. J'en ai encore l'eau à la bouche de ces saveurs salé-sucré, ces couleurs et ces parfums.