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Critique de LoupAlunettes


Violette : Partie passer ses vacances d'été chez le vieil Ernesto, Violette franchira le pas de l'amour à deux avec le sosie évocateur de l'acteur Louis Garrel, un film personnel dont elle ne souhaitera pas connaître la fin. Entre romantisme et réalité, il y a plus d'un pas. Les garçons et les filles ne sont pas toujours dans les mêmes attentes et ne partagent pas souvent les mêmes mythologies de l'amour, on le voit bien ici.
Sans fard, ne présentant pas les filles dans un politiquement correct dépeignant de jeunes naïves vivant de poésie et d'eau fraîche, appelant un chat un chat sans vulgarité aucune, Cécile Roumiguière raconte avec Violette ce passage délicat vers l'amour avec un A, celui des histoires sérieuses comme les jeunes l'imaginent, une majorité sexuelle désirée et souvent hâtivement franchie dès lors que la loi le permet. A l'instar d'un adolescent fantasmant son statut de pilote avec un permis fraîchement acquis, l'exaltation et l'impulsivité peut conduire à de tristes désillusions sur les terrains de l'amour lorsque la maturité n'est pas encore là pour aiguiller des décisions aussi importantes. Heureusement, Violette trouvera le réconfort attendu auprès de son grand-père d'adoption Ernesto. Un lien qui invite les ados à se reposer sur l'expérience d'adultes de confiance et de bons conseils.

Zik : En mal de son amie Violette absente du groupe des quatre "cerises", Soizik « Zik », grande métisse, ne sait pas vers qui se tourner. Humiliée publiquement lors d'un contrôle de titre de transport, s'abandonnant désespérément dans les bras de David par dépit, Zik se sent blessée dans sa chair et son coeur. Trouvant l'oxygène qui lui manque sur les toits, elle fait la rencontre d'un mystérieux jeune homme, chevalier de liberté, bel oiseau de nuit qui lui fera oublier l'absence des amis et la mélancolie.
Maryvonne Rippert choisit l'ambiance Rock 'n Roll seventies comme fond, chantant une jeunesse désabusée et révoltée à laquelle Zik pourrait appartenir. Un nuage planant et envoûtant duquel Zik va atterrir en douceur grâce à un ami inattendu. L'univers seventies n'est pas choisi uniquement que pour sa musique, on l'aura compris par le biais de quelques indices laissées par l'auteure, ceci expliquant la bulle de silence dans laquelle s'est tranquillement isolée Zik. Heureusement, la vie est pleine de bonnes surprises, l'issue en témoigne.


Satya: Il est l'homme à tout faire de ses mamies adorées Madeleine et Solange ,« Ying » et « Yang » comme il aime à les surnommer. Depuis la prime enfance de Satya, « La malle de l'ange », la librairie jeunesse de « ses anges gardiens », est un refuge, une seconde maison dont il apprécie chaque recoin, de la cave au grenier. Un jour pourtant, une intruse se glissera dans son paradis. Mais l'amour ne comporte t-il pas sa part de risque ? Depuis sa rencontre avec Indiana, une jolie « diablesse » aux cheveux rouges, s'installe un jeu malicieux du chat et de la souris dont l'Art sera témoin, se cherchant à la librairie, se trouvant au musée.
Indiana est un esprit libre et rebelle, un fantôme mystérieux et séduisant qui cache un terrible secret. Tout en continuant de veiller sur les autres, comme un héritage reçu, Satya tente de résoudre l' « équation Indiana» afin de goûter à l'alchimie d'un amour possible.

Alors que rien au début du recueil ne semblait le présager, Satya se montre en définitive le personnage fédérateur du groupe des « Cerises ». Attentionné, protecteur et fidèle, il veille comme un ange sur ses ouailles, associant ses amis à une seconde famille. Se trouvant la victime et le spectateur des « attentats » d'Indiana, maîtresse du happenings de révoltes artistiques et des joutes amoureuses, Satya fait l'expérience douce-amère des amours contrariées, se heurtant ainsi aux vicissitudes de l'existence. «... Je ne te dis pas adieu car adieu, c'est la nuit ! Pouf ...! ». Ceci est un attentat d'Indiana !
L'histoire de Satya nous démontre que les jeunes peuvent parfois aussi se montrer bien plus forts que les regards adultes peuvent le supposer. Ils aiment, souffrent et vont de l'avant, il est des blessures issues de la petite boîte de Pandore qu'est le monde qui font grandir.
Jean-Michel Payet choisit d'offrir un univers référencé plus intellectuel, même si dans chaque volume les références classiques cinématographiques et musicales, en relation avec les ambiances proposées, ne manquent pas. Des ponts invisibles s'établissent entre des générations de jeunes, des sentiments communs se retrouvent, des cycles se révèlent.
Un fil conducteur continue de se tisser sur les quatre titres, un secret que garderait le groupe des "Cerises", un lien de plus, lié à une certaine Olivia dont on ignore tout, pour l'instant.


Amos : Jouant du tir à l'arc sur ses temps libres, le réservé Amos se verra faucher en plein coeur par l'objet de ses attentions. Contre toutes attentes, depuis l'annonce du déménagement familial au Québec, loin de ses amis de toujours, malgré les coups de fil anonymes incessants , la vie semble enfin lui sourire. Amos comme amour, rimant comme éros, le jeune copain des « Cerises » décide de saisir enfin sa chance et accepte de se laisser approcher par Lucas , mais la vérité est tout autre.

Vrais sentiments, faux-semblants, Amos ne sera pas non plus épargné par les désillusions sentimentales. L'âge adolescent en revers de sa surface de légèreté, à également sa face puérilement impitoyable. Mais qui ne l'a pas été, insouciant, fous, capricieux, stupides car jeunes et intouchables se protégeant des contraintes de l'âge adulte.... Heureusement, Amos pourra compter sur l'oreille attentive de sa jumelle Chani, d'un taxi « confidence »avec sa tante Elena et des sorties avec ses meilleurs amis pour relativiser et aller de l'avant.

Sigrid Baffert offre un cadre doux-amer mais rassurant, sans tomber dans le sujet de fond sur l'Homophobie beaucoup plus dur. C'est une petite tranche de vie avec son temps de pluie comme d'autres peuvent en connaître, une normalité rassurante malgré tout. Restant sur le même ton que les autres récits, tendres et mélancoliques. Ses références cinématographiques des « Liaisons dangereuses » viennent suggérer l'univers de manipulations potaches et parfois cruelles qui fait loi sur les bancs du lycée. Une jeunesse en découverte d'une palette de sentiments plus large, un pouvoir qui peut blesser, une façon d'être et d'exister. Un entourage, de l'écoute et de l'amour sont les meilleurs remèdes aux jeunes déceptions.

L'annonce du départ d'Amos sera une révélation à découvrir dans le Tome 2 des « compils ». L'absence de Violette était assez frustrant qu'en sera t'il d'un départ?
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