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Critique de Laureneb


J'ai peut-être lu Rousseau trop tôt, de façon trop scolaire pour pouvoir réussir à l'apprécier désormais. Je me souviens d'heures de première passées sur le Préambule des Confessions que je trouvais d'une lourdeur et d'une emphase dans le style, dans la formulation... Au lycée, j'y avais lu aussi le portrait d'un homme jouant une fausse modestie pour insister sur sa singularité et donc son exceptionnalité. de cette époque date mon peu d'intérêt pour le genre même de l'autobiographie en général.
Je continue néanmoins, je persévère même, ma lecture de Rousseau, sans aller toutefois jusqu'aux oeuvres vraiment philosophiques. J'avais beaucoup appréciée les Rêveries du Promeneur solitaire pour leur écriture, cette pose poétique pré-romantique. Je me suis donc enfin décidée à lire les Confessions, surtout après un ouvrage sur ses rapports avec la Savoie, ma région d'adoption.
J'ai donc retrouvé avec un certain plaisir le début de l'oeuvre - et la fin, lorsque Rousseau célèbre les beautés de la nature, ses promenades notamment autour de Chambéry, d'Annecy, de Genève. Il aime la nature et la randonnée, en parle avec poésie, ce qui ne peut que me plaire !
Il y a ensuite des passages tellement étudiés, repris, lus ailleurs, que j'avais l'impression d'une relecture : la scène des cerises jetées dans le sein d'une jeune fille, l'amour platonique pour Mme de Warens, l'abandon des enfants, les études de gravure, le portrait mélioratif de Genève... D'autres passages m'ont bien plus surprise, notamment ceux en lien avec la sexualité - qui n'est que peu abordée par Rousseau qui rêve plus d'une union des âmes que des corps : son exhibitionnisme devant des prostituées, le ménage à trois avec "Maman" et son secrétaire, la tentative d'agression homosexuelle dont il est victime par un jeune converti au catholicisme. Il aime les femmes de façon idéalisée, désincarnée, rêvant plus qu'il ne séduit. Peu à peu, il se met en ménage avec Thérèse, tout en la décrivant comme une fille gentille, mais incapable de le comprendre. La façon dont Rousseau parle des femmes est donc assez irritante pour moi, lectrice du XXI ème siècle...
Et puis... il y a tous les passages sur les intrigues philosophico-mondaines à Paris, le coeur de l'ouvrage. J'avoue m'être perdue dans toutes les nobles femmes qui protègent Rousseau puis le haïssent, n'avoir pas saisi tous les enjeux des cabales. "Il n'y a que le méchant qui soit seul" écrit Diderot, phrase que Rousseau prend pour lui. Je ne sais pas à quel point il est vraiment persécuté, mais il pense l'être et s'en plaint et geint sur de très, très, longues pages, et se retrouve effectivement seul.
Néanmoins, d'autres passages ont retenu mon attention. Ce sont ceux qui montrent l'écrivain, le philosophe, l'artiste, au travail, ceux qui présentent son processus de création. D'où vient une idée ? Comment se transforme-t-elle en oeuvre ? J'ai apprécié ce processus d'introspection.
Une lecture très longue, qui ne me réconcilie pas avec Rousseau, loin de là, mais qui m'a donné d'autres pistes de lecture.
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