Citations sur Les contes de Beedle le barde (93)
Plus d’un parent a exigé le retrait de ce conte de la bibliothèque de Poudlard. (…) Mr Malefoy a formulé sa demande d’interdiction du conte en écrivant :
« Toute oeuvre de fiction ou pas, qui fait état de croisements entre des sorciers et des Moldus devrait être bannie des rayons de Poudlard. Je ne souhaite pas que mon fils subisse des influences pouvant l’amener à souiller la pureté de son sang à travers la lecture d’histoires qui encouragent un mariage sorcier-moldu. »
Mon refus d’enlever le livre de la bibliothèque fut approuvé par une majorité des membres du conseil d’administration. J’ai répondu à Mr Malefoy en lui expliquant ma décision :
« Les soi-disant famille de sang pur ne maintiennent leur prétendue pureté qu’en supprimant de leurs arbres généalogiques les Moldus ou nés-Moldus, ou en mentant sur leurs origines. Ils tentent ensuite d’imposer leur hypocrisie aux autres en nous demandant d’interdire des œuvres qui traitent de vérités qu’eux-mêmes cherchent à nier. Il n’existe pas de sorcière ou de sorcier dont le sang n’ait pas été mélangé avec celui de Moldus et je considère donc comme à la fois illogique et immoral de retirer du domaine de connaissance de nos élèves des livres qui abordent le sujet. »
Puis il accueillit la mort comme une vieille amie qu'il suivit avec joie et, tels des égaux, ils quittèrent ensemble cette vie.
Ma réponse a suscité plusieurs autres lettres de Mr Malefoy mais comme elles consistaient essentiellement en remarques désobligeantes sur ma santé mentale, mes origines familiales et mon hygiène, leur rapport avec ce commentaire n'est que très lointain.
Une autre différence notable entre ces fables et leurs équivalents moldus est que les sorcières de Beedle sont beaucoup plus actives dans la recherche de leur bonne fortune que les héroïnes de nos contes de fées. Asha, Altheda, Amata et Babbitty Lapina sont toutes des sorcières qui préfèrent prendre leur destin en main plutôt que de faire une sieste prolongée ou d'attendre que quelqu'un leur apporte une chaussure égarée.
Il m’apparaît que la morale de cette histoire est que les efforts de l’homme pour arrêter ou retarder la Mort sont voués à l’échec. Seul le troisième frère dans l’histoire (le plus jeune mais le plus sage) comprend qu’il a déjà échappé une fois à la Mort et que le mieux qu’il puisse faire est retarder l’heure de leur prochaine rencontre. Ce jeune cadet est conscient que, même s’ils ridiculisent tous la Mort (comme son premier frère, qui utilisa la violence ou le deuxième, qui joua avec le mystérieux art de la nécromancie), il se retrouve finalement face à un adversaire qu’il ne sait pas comment vaincre.
On peut rire, un peu tristement, de ce que cela noua apprend de la nature humaine. L'interprétation la plus indulgente qu'on pourrait en donner serait : "L'espoir jaillit, éternel, dans le cœur de l'homme". (Cette citation démontre qu'Albus Dumbledore n'était pas seulement exceptionnellement savant en matière de magie, mais qu'il était également familier du poète moldu Alexander Pope).
Ainsi que l'éminent philosophe de la sorcellerie, Bertrand de Pensées-Profondes l'a écrit dans sa très estimée "Etude sur la possibilité d'inverser les effets réels et métaphysiques de la mot naturelle", concernant en particulier la réintégration de l'essence et de la matière : "Laissez tomber. On n'y arrivera jamais."
Même moi, Albus Dumbledore, je trouverais plus facile de refuser la Cape d'Invisibilité. Ce qui démontre simplement que, tout intelligent que je sois, je demeure un aussi grand imbecile que n'importe qui d'autre.
Pourquoi, alors, ce conte macabre a-t-il survécu si longtemps ? J'avancerais l'hypothèse que Le sorcier au coeur velu est resté intact à travers les siècles parce qu'il parle des sombres profondeurs que nous avons tous en nous. Il traite de l'une des tentations les plus puissantes et les moins avouées de la magie : la quête de l'invulnérabilité.
Les trois sorcières et le chevalier redescendirent la colline ensemble, bras dessus, bras dessous. Ils eurent tous les quatre une longue vie de bonheur et aucun d'entre eux ne sut ni ne soupçonna jamais qu'il n'y avait pas le moindre enchantement dans les eaux de la fontaine.