Il ne comprenait pas pourquoi il n’avait pas une maison avec ses parents dedans. Pourquoi son père vivait avec une autre dame ? Pourquoi sa mère l’envoyait chez Fatou tous les jours ? Pourquoi elle ne le câlinait jamais ? Pourquoi il avait froid dans son lit ? Pourquoi il n’avait pas de porte à sa chambre ? Toutes ses questions restaient sans réponse. Il avait l’impression que les adultes ne savaient pas tout. Ça le décevait.
Du haut de ses six ans, il découvrait un monde instable et cabossé.
Ils ne s’étaient pas revus depuis l’université. Elle était partie l’année de leurs dix-huit ans, juste après le dernier jour de l’an qu’ils avaient fêté avec leurs amis. À cette époque, Lars n’avait pas eu le choix. Ni les armes pour la retenir. On a tous un amour de jeunesse enfoui quelque part. Les traces demeurent indélébiles et même si le cœur vibre à nouveau, ce n’est jamais pareil. On s’en accommode...
Il venait de passer deux jours de rêve chez son ami Liam dans sa grande maison, pour une partie géante de son jeu Wings under my skin. Liam, c’était le pro des jeux qui l’avait pris sous son aile, son parrain. Ce n’était pas la première fois qu’il se rendait là-bas. Tout avait commencé bien avant l’été. Et puis lors des vacances, Liam l’invita et lui proposa d’amener des copains, histoire de s’éclater.
Après tout, l’espoir ne fait pas mourir.
Au début de leur emménagement à Torhout, Lars avait été si fier d'appeler le groupe et de leur faire la surprise du retour d'Azel. Il avait organisé un dîner qui avait tourné au fiasco total. Mauvaise volonté d'Azel. Des piques, des jugements, des allusions gratuites. Une façade froide, distante et sans empathie. Elle s'était éclipsée avant le dessert. Lars s'était excusé auprès de ses amis, avait avancé un millier d'arguments pour la défendre. Après ce qu'elle avait vécu, sa conduite était normale. Hugo, Paula, Red et les autres avaient donné le change, mais au fond d'eux, ils ne cautionnaient pas cette posture d'enfant sauvage. Ce retour d'Azel dans la vie de Lars les inquiétait.
- Lars ?
C’est moi… C’est elle… Cette voix… Grave. Sensuelle. Unique. Elle l’avait appelé. Lars n’y croyait plus après tant d’années. Sept ans déjà.
- Azel ?
Ne pas la brusquer, la laisser venir… revenir… à lui…
- Je suis content de t’entendre…
- Moi aussi, Lars.
Elle aussi…
- Comment vas-tu ? Où es-tu ?
- À Molenbeek… Tu viens ? J’ai besoin de te voir.
C’est elle… Elle a besoin de moi…
Ils ne s’étaient pas revus depuis l’université. Elle était partie l’année de leurs dix-huit ans, juste après le dernier jour de l’an qu’ils avaient fêté avec leurs amis. À cette époque, Lars n’avait pas eu le choix. Ni les armes pour la retenir. On a tous un amour de jeunesse enfoui quelque part. Les traces demeurent indélébiles et même si le cœur vibre à nouveau, ce n’est jamais pareil. On s’en accommode...