Les souffrances passées sont inscrites dans la tanière de l'inconscient et attendent le moment opportun pour revenir nous hanter. La fuite est un mécanisme de défense efficace à court terme, mais lès conflits irrésolus ne se résorbent pas, ils vous accompagnent toute votre vie et s'amusent à handicaper votre existence.
Page 73
Ne laissez pas les préjugés mener votre existence. En admettant la différence des autres, vous embrasserez la vôtre. Une société riche prend racine dans la pluralité et la diversité des genres.
Page 100
Le plus désespérant dans toute cette histoire, c'était l'attitude des enseignants qui étaient de garde dans la cour d'école et qui s'esquivaient devant ces manifestations collectives de violence en n'intervenant que très rarement. Je ne pouvais pas compter sur les adultes autour de moi pour me défendre, ni riposter à ces agressions perpétrées en fraternité contre moi. La solitude, l'abandon, l'humiliation m'ont fait sombrer dans un silence farouche.
Page 33
En deuxième secondaire, quinze élèves ont même tenté de le tuer en unissant leur force pour faire tomber une rangée complète de cases sur lui. Jonathan fut sauvé in extremis par une surveillante de passage. Il aurait pu être gravement blessé ou, pire, mourir. Les divers intervenants et les professeurs n'arrivaient pas à trouver de solutions durables à ce problème récurrent. Certains enseignants et directeurs ont même participé aux attaques verbales en traitant Jonathan de «Fif» devant les autres élèves, et quelques-uns ont poussé l'audace jusqu'à le faire à bureau fermé.
Pages 114-115
"Fif" au Québec est un mot dévalorisant pour un homosexuel.
Les agressions se faisaient en groupe, très rarement en solitaire ; une lâcheté intrinsèque empêchait mes attaquants d'agir seuls
Pages 32-33
À mon réveil, je m'assoyais dans mon lit dans l'espoir que cet épisode serait bref, car ces crises se multipliaient. Je pouvais traverser des moments semblables deux à trois fois par semaine. Parfois, je réussissais à calmer la crise, mais généralement, mes efforts pour me calmer avortaient. Je restais coincé. Alors, je me rendais à la salle de bain, je m'assoyais sur la toilette et j'attendais le dénouement final. Pendant trente à quarante minutes, mon corps tremblait comme une feuille et un vomissement incontrôlable réussissait à m'épuiser et à calmer l'agitation. Je retournais ensuite me coucher, exténué mais heureux de pouvoir enfin dormir quelques heures l'esprit en paix.
Page 46
On découvrait pour la première fois mon charisme enfoui que j'avais décidé de faire briller en surmontant ma peur du ridicule. Tous les êtres humains ont cette flamme intérieure qui ne demande qu'à se dévoiler; il faut donc soustraire de l'environnement immédiat tout comportement qui peut la réprimer.
Page 69