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Citations sur Ce pays que tu ne connais pas (40)

J’ignorais qu’Emmanuel Macron, c’était comme Voldemort dans Harry Potter : « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ». Et puis merde. Je suis remonté au créneau, au micro, plus prudent désormais, sans citer le nom interdit : « Je persiste à trouver problématique qu’un inspecteur des finances passe dans une banque d’affaires avec son carnet d’adresses. Que, chez Rothschild, notre inspecteur des finances ait Lagardère comme client, qu’il revienne ensuite dans le public, et pas à n’importe quelle place, en tant que secrétaire adjoint de l’Élysée, et que là, il négocie encore pour Lagardère la cession des parts d’EADS ! Mais cette fois au nom de l’État. Il y a là une confusion des genres. Surtout quand l’industriel en question, M. Lagardère, trouve que le deal a été ‘‘formidable’’. Et enfin, l’ancien inspecteur des finances devient candidat à la présidence de la République : le groupe Lagardère lui prodigue alors des louanges à longueur de colonnes. Il y a là un cas d’école qui marque l’imbrication du pouvoir politique, du pouvoir de l’argent et du pouvoir des médias. Cela rentre donc pleinement dans notre débat sur la moralisation de la vie publique. »
Je pourrais être plus précis sur les négos à l’Élysée, fort détendues, entre les Lagardère boys et vous. Sur les 1,8 milliard de plus-values. Sur la joie de vos partenaires : « Ils ont été for-mi-dables ! Enfin des responsables qui gèrent les participations de l’État comme s’ils étaient un fonds de pension… »
Mais faut-il s’attarder ? On voit l’idée.
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Ça fait vingt ans, vous savez, que j’en récolte, des récits de frigo vide, de chauffage éteint l’hiver, de repas réduits à une biscotte, mais d’habitude ils sont chuchotés dans un appartement, en toute discrétion, quelques phrases jetées, bégayées, retenues, avec la garantie de l’anonymat, que ça ne sache pas au village, ou dans le quartier. Parce que le malheur ne suffit pas : il faut y ajouter la honte, la honte de ne pas s’en sortir, la honte de ne pas protéger sa famille, ou de ne pas lui offrir le bonheur conforme. Les pauvres se cachent pour souffrir.
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En dix ans, Sanofi a licencié un tiers de ses chercheurs, quatre mille dans le monde, deux mille en France. Cette année-là, la firme versait 3,8 milliard d’euros (soir cinquante années de Téléthon) à ses actionnaires, et en même temps, en même temps, visait « 1,5 milliard d’économie sur trois ans » passant « notamment par la suppression de 600 postes en France ». Mais comme ministre, ça ne vous choquait pas, cet usage des deniers publics. Vous n’en démordiez pas : heureusement qu’on leur versait des centaines de millions, à Sanofi, sinon…
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(S'adressant à Emmanuel Macron...)

Voilà votre rêve: un monde fonctionnel, "efficient", avec des humains qui se conforment à l'économie, et un pays qui se conforme à la mondialisation. Au-delà de vous, au-delà de votre oligarchie, c'est cette vision du monde, desséchée, mécanisée, de l'humain, du pays, que je combats, et je proclamerais presque: l'âme d'abord! Je suis, et avec moi des millions de Français, je crois, et les Gilets jaunes en première ligne, nous sommes habités d'un désir d'autre chose, "autre chose" que cet économisme étroit, "autre chose" que la concurrence mille fois ressassée, "autre chose" que la croissance comme but sur Terre, "autre chose" que le ciel bas et lourd de la finance qui pèse sur nos coeurs comme un couvercle... Quoi donc? C'est obscur, c'est confus, mais en gros, je dirais, les liens plutôt que les biens, une envie de fraternité, de faire tomber les cloisons invisibles, entre nous et en nous. Qui n'éprouve pas cette glaçante solitude? Le chacun pour soi érigé en règle? Qui n'en rêve pas, à l'occasion, de secouer son égoïsme, d'embrasser les autres comme des étoiles? La voilà, dans notre société, la force souterraine, massive, explosive, prête à surgir comme un geyser...
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Le malheur ne suffit pas : il faut y ajouter la honte, la honte de ne pas s'en sortir, la honte de ne pas protéger sa famille, ou de ne pas lui offrir le bonheur conforme. Les pauvres se cachent pour souffrir.
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(...) j’en aurais à raconter, sur l’usine.
- Par exemple ? »
Il réfléchit.
« Une presse avait tranché la main d’un salarié. Alors, les cadres ont procédé à une reconstitution. Et pendant qu’ils rejouaient ça, l’ouvrier s’est fait couper trois doigts ! Devant le directeur, devant le responsable de la sécurité, devant tous les chefs ! »
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Page deux cent trois :

Vous êtes fou. Je vous écoute et je me dis : « Il est fou ».

Vous êtes frappés d’Hybris, de la démesure, des héros antiques qui se prenaient pour des dieux. Dans la tragédie grecque, le sort s’acharne alors sur ces vaniteux, le malheur crève la montgolfière de leur ego, bref, les ramène à leur humaine condition, les yeux percés d’Œdipe pour enfin voir. Le ciel est vide, désormais, les dieux sont morts. Mais en démocratie, vox populi vox dei : c’est au peuple de remplir cette fonction, de vous ramener à la réalité et à l’humilité, pseudo-Jupiter qui remet les pieds sur Terre. Les Gilets jaune n’ont pas suffi, semble-t-il, vous avez repris votre envol comme Icare, trop près du soleil.
C’est que vous n’êtes pas seul. Cette hybris, cette démesure, ne vous est pas propre. Elle vous dépasse. C’est celle d’une classe qui s’est coupée du monde commun, qui s’est détachée de la nation. C’est celle d’une caste qui a vu ses revenu exploser, et qui néanmoins défiscalise, optimise, paradise, panamise, caïmanise, qui relègue l’intérêt général derrière celui des multinationales, qui cumule rachats d’actions dividendes golden parachute et autres stock-options, et qui, en même temps, en même temps, sans honte s’en va prôner au peuple des salariés, des retraités, de se serrer la ceinture, de faire des sacrifices. Bref, c’est celle d’une élite qui se place au- dessus de l’humanité, de ses lois, sur un Olympe pour nantis, et qui se croit tout permis, et dont vous êtes une pure expression. Vous êtes fous, collectivement fous.
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- Tu fais comment pour vivre ?
- J'ai reçu 50 euros de la commune.
- 50 euros !
On approche de la gare de Lillers, où je dois la déposer pour qu'elle remonte sur Béthune. Elle ne paie jamais ses billets, elle m'explique, et le dimanche, le contrôleur ferme les yeux.
" La seule solution, c'est de faire des gosses. Ma soeur, elle a 19 ans, elle vient de faire un gosse. Je lui ai dit : "C'est bon maintenant t'auras droit aux allocs..."
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Dès votre élection, vous avez promu une « loi de moralisation de la vie publique » ! Vous ! Vous qui incarnez la corruption, la corruption non pas individuelle, mais la corruption d’un système, pourri, mité, d’une démocratie décrépite, digérée par l’oligarchie, si sûre de sa force qu’elle installe son banquier à l’Élysée ! Vous, avec votre entourage, qui n’est fait que de ça, de conflits d’intérêts, de stock-options, de conseils d’administration, de collusion avec les firmes privées ! Et « moralisation » ! Vous osez tout !
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Que venaient-ils chercher ici, sur ce rond-point, dans le brouillard, dans l’humidité ? « De la fraternité, la fraternité qui est inscrite dans la devise, on l’a trouvée un peu ici. » C’est leurs cœurs, plus que leurs mains, qu’ils réchauffaient au brasero, la solidarité qui se retissait, modestement, humblement, n’être plus une somme de solitudes.
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