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Citations sur Furies (161)

Notre victoire ne vient pas du nombre d'ennemis que nous abattons , mais du nombre de personnes que nous sauvons.
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Pendant la guerre le temps s’achète, après elle, c’est la mémoire qui se négocie. (p.119)
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L'histoire n'est qu'une ronde de Furies aux ailes entrelacées et chacune de leurs plumes peut guérir les nations. Depuis le commencement, elles traversent les âges sans rien se disputer de la gloire ou du malheur des hommes. Leur chant fait le bruit des gouttes sur la cendre et leur vol est plus puissant que la fureur des bourreaux.
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Après tout, ils étaient nés dans une arène privilégiée de l'histoire. Là où on avait décapité les rois, fait tomber les dieux du ciel, là où on avait inventé la modernité pendant une nuit de hasard entre la sueur des philosophes et les poux du bordel. Eux aussi venaient de ce peuple maudit, à la fois régicide et orphelin. Ils étaient nés de ces hommes et de ces femmes qui lavaient les empires dans le sang des révolutions, qui fouillaient les chairs à la recherche du pire et du meilleur. Civilisation éclairée, universelle, forte d'enterrer ou d'exposer la culture des autres. Peuple schizophrène, valet de l'horreur, héros des caves ou exilés du maquis. En France plus qu'ailleurs, on avait le goût de la chute, la conscience de la puissance renversée.
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Ce que je ne comprends toujours pas, c’est que la mécanique génocidaire du xxe siècle ne nous ait rien appris. Les survivants ont parlé pourtant, on n’avait plus l’excuse de la virginité. Il y a eu des conférences, des cours à l’école. On a vu les fantômes de l’extermination, on a croisé le regard de ceux qui ne sont pas revenus, en photo, sur des pellicules de cinéma. Rien ne pouvait plus nous être révélé de l’espèce humaine, ni sa cruauté, ni son courage. Alors pourquoi cette conscience nerveuse et aveugle à la fois ? La connaissance de ce que l’homme peut faire à l’homme nous aurait laissés sans force au lieu de nous révolter ? C’est comme si on savait, mais que l’on avait accepté. Du renoncement collectif à l’aliénation intime, on a laissé fermenter un désœuvrement avide, des rages sourdes qu’on s’est plu à mépriser parce qu’elles nous coupaient de notre propre ennui. Aujourd’hui, l’ubérisation du djihad a donné naissance à une autre forme de guerre intégrale : une croisade privée dans un contexte global. Je doute que cette militarisation des consciences s’arrête à la perte ou au gain d’un territoire. Et c’est ce qui m’effraie dans cette nouvelle réalité : on peut vaincre un groupe armé sur le champ de bataille, pas un fantasme. J’ai peur que notre résignation ait créé en nous les conditions pour que la violence se déchaîne, qu’elle devienne un pari total et permanent.
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Bérénice chérissait tout ce qui portait la marque de l'histoire parce qu'elle n'en avait pas, du-moins c'était ce qu'elle croyait.
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Comme c'était étrange. Tous les deux avaient creusé la terre, l'un pour ensevelir, l'autre pour révéler. Et puis quelque chose dans l'histoire s'était accéléré et ils se retrouvaient maintenant face à face, comme si les siècles qui auraient normalement dû séparer leurs tâches s'étaient contractés d'un seul coup et les aveint réunis dans un repli du temps. L'archéologue et le fossoyeur pouvaient se regarder, se confronter. Il leur venait à tous les deux des questions absurdes qui n'appelaient pas de réponses. Bien sûr, il restait toujours la part intransmissible, celle qui faisait baisser les yeux et se perdre dans le vide. Il y a une vérité personnelle du malheur qu'il faut respecter.
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Depuis le début des conflits, combien de morts ? À quelle fréquence ? Est-ce que l'on pouvait faire une moyenne de tous les corps calcinés, battus, écrasés, fusillés, égorgés, pendus ? Combien de morts par minute ? Pendant combien de temps ? Combien fallait-il de jours pour venir à bout d'un peuple ? D'un pays ? Cinq ans ? Dix ans ? Une, deux générations ? Encore combien de morts jusqu'à la fin ? Quand est-ce que ça finirait ? Est-ce qu'il y aurait un signal pour que tout s'arrête ? À quoi ressemblerait-il ? Un drapeau ? Un oiseau peut-être ? Quand la paix arriverait enfin, y aurait-il encore quelqu'un capable de reconnaître sa couleur ? De se souvenir de ce qu'il faudrait dire ? Qu'est-ce que l'on ferait de tous les morts ? La même chose ou chaque fois des discours différents ? D'ailleurs, est-ce que toutes les morts se valaient ? Y avait-il des morts utiles ? Des morts qui accéléraient la fin du conflit ou d'autres, au contraire, qui le ralentissaient ? [...] Aucune mort n'avait de sens. Aucune ne pourrait abréger la guerre, ne serait-ce qu'une seconde, alors à quoi bon ? Pourquoi un tel acharnement à tuer ? Partout, les habilitations devenaient des tombeaux. En moins de d'une minute, des familles entières étaient englouties et il ne restait plus personne pour les enterrer. En tuant les enfants avec leurs parents, la guerre privait tout le monde de pleurs et de sépultures. Bientôt, il ne resterait plus personne pour se souvenir qu'un tel ou un autre avait vécu. La chaîne des générations avait été brisée, sa mémoire s'évaporait par toutes les fenêtres, par tous les pores du pays. À ce rythme, il n'y aurait bientôt plus de vivants sur la terre, à peine des vestiges. Inéluctablement, leur chair allait changer de nature, leur corps prendrait un autre nom, il n'y a aurait plus de langue, plus de visage. Juste une tache grasse sur de la poussière.
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La peur, avait-elle écrit, est obscurité et solitude. Elle est un manque absolu de repères qui nous isole, nous prive de notre force. Le ressort de notre lutte n’est pas l’annihilation de l’adversaire, mais la revendication forcenée de rester des humains, avec notre nom et notre histoire
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L'humanité se regardait tituber dans la cendre mais il n'y avait personne pour lui venir en aide. Comme si le monde avait accepté qu'ici les vies s'abîment sans réellement advenir. De plus en plus souvent, la colère prenait le pas sur le désespoir. Comment un pays pouvait-il se transformer en charnier dans l'indifférence des nations ? P.44
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