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Critique de Malivriotheque


C'est l'histoire de trois familles au Pakistan qui vivent les grands principes du pouvoir et expérimentent la honte sous toutes ses coutures...

Rushdie a tendance à créer des univers complexes mi-ancrés dans la réalité mi-imaginaires, tirant sur le conte, la magie, l'ésotérisme, la fantaisie, la légende et le mysticisme. Rien que ça. La Honte ne fait pas exception avec ses évènements improbables et sa bête qui hante les esprits et hâche menu la chair vivante.
Ce n'est pas un roman pour tous car il très est compliqué à suivre, aussi bien dans la chronologie que dans le fond, toujours sous couvert de jolies phrases métaphoriques auxquelles il faut absolument s'accrocher pour percevoir le sens des choses. le mélange des genres entre réalité et fiction, passé et présent, Pakistan mais pas Pakistan s'avère également compliqué à dompter. Il est néanmoins intéressant de voir que finalement, ce deuxième opus ressemble beaucoup dans le style à son prédécesseur Les Enfants de minuit, on sent que Rushdie a trouvé sa marque de fabrique, celle qui lui assure le succès.
Tout de même, on se retrouve avec un récit bourré de personnages (heureusement qu'on nous donne l'arbre généalogique en début d'ouvrage, ça aide souvent à remettre quelques pendules à l'heure) et surtout cette question générale du traitement de la honte, elle-même incarnée par une jeune fille qualifiée de sans cervelle qui va en fait survivre à tous les autres. Ce thème et sentiment est tellement abordé sous tous les angles (l'humiliation, le déshonneur, l'embarras, la culpabilité, la pudeur... via la société, les mécanismes corporels, le jugement personnel) qu'on a du mal à faire le tri et voir exactement où l'auteur veut en venir.
De plus, les retours en arrière constants sont difficiles à appréhender et les évènements presque impossibles à remettre en ordre si on ne fait pas en sorte de prendre des notes mentales. Toute la première partie est consacrée à l'enfance d'Omar Khayyam Shakil, qu'on abandonne ensuite pour se concentrer sur deux autres familles rivales que le destin va bien évidemment réunir, avant de mélanger ces trois entités familiales et n'en faire qu'une qui va succomber à ces diverses hontes.
Comme c'est très dur à résumer, je vais m'arrêter là. Ce n'est pas le plus appréciable des Rushdie que j'ai lus mais il a manifestement participé à sa légende.
Enfin, il est important de noter que c'est le roman qui a précédé la rédaction et publication du célèbre Les Versets sataniques, qui a valu à l'auteur une fatwa par l'ayatollah Khomeini, lequel est cité ici par Rushdie qui fait alors état des évènements en développement en Iran, Afghanistan et Pakistan au début des années 80 ! Une sorte de sombre prophétie qui fait froid dans le dos. Rushdie évoque aussi la dualité Dieu/Satan, qu'on retrouve donc en prémices de la trame des Versets. Voilà quelques exemples qui prouvent bien (comme suggéré dans Joseph Anton) que lire les romans de Rushdie dans leur ordre de publication a un intérêt.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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