AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de soniaboulimiquedeslivres


En 2009, le jour de l'investiture de Barack Obama, la famille Golden s'installe à New York, dans la célèbre résidence Murray, dans la quartier de Greenwich. Cette résidence a la particularité de faire partie d'un ensemble d'immeubles possédant des Jardins en son centre. Magique ! La famille est composée de Neron, le patriarche, milliardaire oriental, septuagénaire et de ses trois fils, Petronius (Petya), 42 ans, atteint d'autisme, fabricant de jeux vidéos, Lucius (Apu), 41 ans, artiste peintre, et Dionysos (D.), 22 ans, androgyne.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit, le « plantage de décor » étant assez long. René devient vite notre narrateur, en réalité le porte-parole déguisé de Rushdie. Il a 25 ans, écrivain, avec l'envie et l'espoir de réaliser un film. Il vit juste en face de l'appartement des Golden et est très vite persuadé que cette famille est entourée de profonds secrets et de sombres mensonges.

Il est vrai que j'ai été perdue à de nombreuses reprises, car René nous parle comme s'il nous racontait le film qu'il est en train de tourner, utilisant des mots tels que « Coupez ! », « Plan large », « Voix off », « Fondu ». L'auteur joue entre la fiction et la réalité, gommant sans cesse la frontière qui les sépare. Il faut réussir à faire abstraction de ce point et découvrir ce que cache réellement ce roman : une majestueuse critique de la société américaine. Ce livre est un miroir de la situation actuelle aux États-Unis, et pour y parvenir, l'auteur utilise une bonne dose de surréalisme. Un régal !

Le tout est largement illustré par des références littéraires et cinématographiques. « La maison Golden » est également une satire politique juteuse, mettant en scène Hillary Clinton et Donald Trump. Hillary Clinton est Batwoman et Donald Trump est le Joker !

Il faut déjà avouer que Nero Golden ressemble beaucoup à Donald Trump, par sa façon de penser. Mais cela n'était pas suffisant pour Rushdie. Il lui fallait une autre figure « trumpienne ». Il a donc créé ce personnage se faisant appeler « le Joker », riche new-yorkais aux cheveux vert citron et à la bouche outrageusement rouge. A noter que Trump n'est jamais nommé.

L'auteur ne s'interdit rien et soulève pas mal de problèmes actuels, avec l‘immigration, l'identité de genre et la disparité économique en tête de liste. Il écrit de manière vivante sur la série d'attentats terroristes qui ont eu lieu en 2008 à Bombay, à l'hôtel Taj Mahal Palace et ailleurs. Les conséquences de ces attaques touchent tout le monde dans ce roman.

« Il n'aimait rien tant que de contredire la personne qui lui exposait une opinion et de l'assommer jusqu'à la reddition complète en usant de son stock apparemment inépuisable de connaissances hermétiques et détaillées. Il aurait pu discuter avec un roi au sujet de sa couronne, ou avec un moineau à propos d'une miette de pain. »

Rusdhie utilise les jardins de la Résidence Murray, et il en fait un jardin du passé et du présent, un jardin aux frontières de la philosophie et de l'histoire, des empereurs romains, de la mythologie grecque, du terrorisme, de la culture, de Bombay, de New York, de l'identité, du folklore et des arts mystiques. Chaque brique a sa propre importance sur ces murs, et il suffit d'en retirer une pour jeter un coup d'oeil à la vie de Nero Golden à travers ce prisme étonnant. Parfois, il peut être préférable d'abattre les murs. Pour que l'image restituée soit plus grande.

La plume de Rusdhie est à la fois riche, enveloppante, mais également parfois étouffante, dans le sens où la multitude de détails peut noyer l'intrigue à certains moments. Avec « La maison Golden », il nous propose un roman foisonnant, riche de thématiques actuelles, à la fois résonnantes de vérité mais également enrobées de fantaisie et d'imaginaire. Surprenant, déstabilisant et pétillant.

Une saga familiale épique aux allures de conte de fée. A découvrir si la société américaine vous intéresse.

« Nous sommes des icebergs. Je ne veux pas dire que nous sommes froids, simplement que la plus grande part de nous-mêmes se trouve sous la surface et que c'est cette part cachée qui peut couler le Titanic. »

#SalmanRushdie #LamaisonGolden #ActesSud
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}