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Critique de Perlaa


Quatre saisons à Mohawk est le second roman de Richard Russo. Paru en 1985 il est bien antérieur au très mérité prix Pulitzer qui lui sera décerné en 2002. La traduction française du présent The Risk Pool a été publiée dans la foulée de l'obtention du prix.
Je n'en suis pas autrement étonnée.
Comment la chronique d'une ville banale de l'état de New York au cours des années 50 et 60 aurait-elle pu attirer un lecteur étranger ?
On est bien loin du temps où les tanneries faisaient la renommée de la ville et garantissaient le plein emploi. En proie au déclin inexorable les populations se sont tournées vers des emplois précaires. Mohawk est en totale déshérence. Il ne s'y passe rien d'extraordinaire et on se demande un temps quand l'histoire va-t-elle vraiment commencer.
Dans cet univers délétère Ned grandit avec une mère exigeante et dépressive puis avec un père, Sam, ...comment dire...insaisissable, pour rester fidèle au personnage qui n'aurait pas aimé les étiquettes. Après son retour du Débarquement de Normandie plus possible pour lui de renouer avec une vie tranquille.
C'est en partie un roman d'apprentissage. Ned revient sur son passé. Silencieux et gauche, véritable caisse d'enregistrement et d'observation il est doté d'une capacité de résilience et de débrouillardise remarquable.
Roman d'ambiance surtout, assez inclassable. On traîne de grill en taverne, on parie sur les courses de chevaux ou aux jeux de cartes, on s'éternise en interminables palabres de poivrots ou en joutes verbales trop arrosées. L'essentiel est là, dans ces moments de rencontre de gens de presque rien, des arsouilles pour la plupart qui tuent le temps.
Les hommes trouvent leur place, même bancale, dans cet entre soi rassurant.
Les femmes sont serveuses de bar ou mères au foyer, déprimées, rongées par l'échec de leur mariage avec des maris partis ou violents.
Empli d'empathie et de rejet pour ce Mohawk et pour ce père qui semble en être la parfaite incarnation, Ned va faire revivre ce petit peuple et lui donner sa dignité et son humanité. Il va éviter le règlement de comptes avec son passé, privilégiant à l'inverse les silences et les ambiguïtés.
Un passé foutraque, une famille cabossée, un roman sincèrement émouvant. Tout sonne juste, jamais simple.
Richard Russo abordait déjà la question récurrente qui hante son oeuvre : comment faire pour survivre et passer à autre chose quand ce monde s'acharne à broyer ce qui a du sens et fait lien.


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