C'était courant juillet, je surfais sur Babelio.
Je ne sais plus comment ni pourquoi, mais voilà que de lien en lien, au terme d'une séquence de clics quasi-aléatoire, j'atterris - en douceur - sur la page consacrée à
Richard Russo.
Qui c'est celui-là ? Coup d'oeil en bas en droite.
"Auteurs proches de..." :
John Irving /
Jim Harrison /
John Fante /
Philip Roth.
Bingo, inutile d'en lire davantage, ça s'annonce bien cette affaire !
Reste à mettre la main sur un roman signé Russo (le tout premier, tant qu'à faire...), et roule ma poule !
Aussitôt dit, aussitôt emprunté : cap sur
Mohawk, modeste bourgade nord-américaine, barbottant depuis les années 50 en plein marasme économique. On y retrouve sans surprise le bar un peu décrépit et sa clientèle d'habitués, les interminables parties de poker au premier étage, les petits commerces sur le déclin, les histoires de famille faites d'espoirs et de regrets, les secrets de voisinage et les combines des uns et des autres dans ces quartiers populaire où tout le monde se connait, où les ragots vont bon train et où les amitiés comme les inimitiés sont tenaces...
Bref, l'histoire de
Mohawk, je l'avais déjà lue.
Ailleurs, dans un autre de ces nombreux romans chorals sur l'Amérique profonde, celle des petites villes ouvrières reculées, paupérisées, oubliées, laissées à la traine de l'éternelle marche en avant industrielle et dont je reste particulièrement friand.
Je l'avais déjà lue certes, sous d'autres plumes et avec d'autres mots, mais pour autant nulle raison de bouder mon plaisir ! Entre les tables poisseuses du dinner, le vieil hôpital désaffecté et les petits pavillons de banlieue, je me suis senti comme un poisson dans l'eau (et tant pis si dans le coin, l'eau en question est un peu trouble, polluée par les rejets toxiques des tanneries locales jadis florissantes mais aujourd'hui elles aussi moribondes...)
Dans ce décor un peu terne,
Richard Russo ne cherche certes pas à nous en mettre plein la vue.
C'est même l'inverse en fait. Son truc à lui c'est l'ordinaire, le l'authentique, le quotidien (plutôt morose) d'un petit groupe d'habitants lambda aux destins liés, aux existences imbriquées, et qui pour la plupart ne quitteront jamais la ville qui les a vu naître.
Comme englués là. Comme fixés à
Mohawk ad vitam aeternam.
Mornes perspectives, horizons bouchés ... et néanmoins roman vivant, éclaircies passagères et petites joies fugaces, écorchures des âmes et amitiés réparatrices, accrochages et réconciliations.
L'histoire de gens vrais, tout simplement, et la découverte pour moi d'un auteur séduisant !